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Un vague sentiment de perte : Andrzej Stasiuk nostalgique

Suite, en quelque sorte de Pourquoi je suis devenu un écrivain, ce récit autobiographique porte sur les lointains vestiges de l’enfance. Ces inoubliables moments passés près d’une grand-mère conteuse. La maladie de la chienne. L’ultime voyage avec un ami condamné… Autant d’étapes qui doivent aider la mémoire à repositionner les faits. Ordre ou désordre, qu’importe. Le but ultime : se souvenir.

 

Ne dit-on pas que l’on disparaît réellement dès lors que l’on ne pense plus à vous ? Andrzej Stasiuk semble vouloir protéger son jardin secret de l’oubli. L’aïeule déclinante, le toutou fatigué, les amis malades. Tous méritent un panthéon, même de papier. Un détour qui offre aussi à l’écrivain poète la possibilité de méditer sur ses drames, parfois douloureux. Sur le temps qui passe. La solitude…

 

Une lecture lente qui s’enfonce dans les souvenirs, mais sans lourdeur de style. Un hommage teinté de légèreté, paradoxe de l’homme de plume qui persiste à ne vouloir garder que le meilleur. Des histoires ancrées dans une Pologne d’un autre temps que l’on découvre par de brefs détails, épinglés au fil du récit.

 

Sans verser dans le sentimentalisme ou la noirceur absolue, cette écriture s’arrête sur des instants, des scènes, des paysages, des plaisirs, aussi. Une ambiance particulière, parfumée, vibrante de mille sons. Explosion de couleurs. Emballée dans une poésie douce, il semble que la mort soit vaincue.

 

Annabelle Hautecontre

 

Andrzej Stasiuk, Un vague sentiment de perte, traduit du polonais par Margot Carlier, Actes Sud, février 2015, 96 p. – 12,00 €

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