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Jérôme Peignot et les typographies surannées

Cette nouvelle version abrégée des Typoèmes donne l’impression d’avoir vieilli. D’une part l’introduction surannée est en contradiction avec les poèmes eux-mêmes. Quant aux exemples ils semblent eux aussi appartenir à un temps qui n’est plus.
Et l’on comprend que Peignot soit resté aux portes de l’Oulipo sans pouvoir y entrer. Tout reste de l’ordre du cliché et l’auteur n’est que le représentant d’une calligraphie anecdotique, documentaire. Elle ne transfigure en rien le langage et a même du mal à faire sourire.
L’auteur croit offrir des décentrements mais le gain est négligeable.

La faconde demeure obligée même si Peignot fait œuvre de bonne volonté. Sa poésie visuelle a fait son temps et bien plus que celle qui se revendiqua comme telle avec le spatialisme en France ou la Visuale poesia en Italie.
Les suites graphiques bien sûr font sens mais sur un plan très secondaire et seulement amusant. Bref ce n’est pas là où la poésie peut se régénérer. Elle reste de l’ordre du gadget. Le lecteur tournera les pages d’un tel livre d’un œil distrait. L’anarchie est à chercher ailleurs que dans ce condensé-prétexte qui ne recèle rien d’inconnu.
Il faut donc prendre ce livre pour ce qu’il est : une récréation qui croyant lâcher la bride au langage ne le fait en rien galoper.

 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Jérôme Peignot, Typoèmes, poésie visuelle, Actes Sud, 2017, 156 p., 16,80 euros

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