Faire son deuil. Ultime épreuve que l’être humain doit affronter. Sans période d’adaptation quand cela vous tombe dessus enfant. Sans formation aucune. Sans échappatoire puisque la religion n’est qu’un linge humide qui s’évapore au contact du souffre de la douleur. Ainsi il en va de la mort. La faucheuse aura néanmoins le mérite de libérer la parole. Et l’écriture… Palliatif ultime pour apaiser la souffrance. Certains y ajoutent de la musique, comme ici Myriam Watthee-Delmotte qui accompagne chaque chapitre d’une plage musicale spécialement choisie pour sa résonance avec les thématiques évoquées.
Pour le lecteur branché, signalons qu’une playlist de dix titres en édition numérique est disponible en écoute livre par QR-code à l’adresse : www.cypres-records.com

C’est donc bien grâce aux mots que l’on parvient à ne plus être seul face à la mort. Mais quels mots ? Car lorsque le couperet tombe, seul le silence meuble l’absence. Le désert s’impose. Les sens se brouillent. On bafouille mais on ne s’exprime que peu. Ou pas du tout. On s’orientera alors vers les livres. Ces meubles bruyants dès qu’on les ouvre. Les écrivains nous tendent les bras. Ils nous indiquent là où il y aurait encore un peu de sens à trouver pour diriger notre futur.
De la tombe à la mort psychique, symbolique qu’est la séparation amoureuse – par exemple – la démarche est identique. Il faut recoudre. Combler. Admettre l’impensable. Faire avec…

Cet essai montre combien – et comment – la littérature (romans, poésie, théâtre, etc.) parvient à s’ébranler dans un concert de vibrations qui incitent le lecteur à dépasser la mort. A résister à la sidération du choc et à se confronter à la nouvelle situation. Etape après étape, Myriam Watthee-Delmotte nous apprend comment les écrivains savent appréhender les charges émotionnels, s’affranchir des discours officiels pour mieux s’investir dans la mémoire des oubliés.
L’inavouable n’est jamais aussi prenant que dans le carcan subtil d’un texte.


Annabelle Hautecontre

Myriam Watthee-Delmotte, Dépasser la mort – L’agir de la littérature, Actes Sud, janvier 2019, 272 p.- 21 euros