Auteur multiple (théâtre, cinéma, littérature) et acteur dramatique, Jonas Karlsson livre ici un roman à tiroirs. Le narrateur, homme neutre qui travaille dans une boulangerie, assiste à un spectacle de magie dans un cirque avec un ami d’enfance. Ils ne se rencontrent qu’une fois l’an. Histoire de garder ce contact qui depuis l’enfance s’efface petit à petit. Magnus ne trouve rien de mieux que d’accepter de faire le malin sur scène avec le magicien. Or il ne revient pas. Ne réapparaît pas. Aurait-il réellement disparu comme dans le tour de prestidigitation ? Le narrateur croit d’abord à une blague puis conçoit de rentrer chez lui. Triste de voir son ami le traiter ainsi. Mais les jours passent et il n’a toujours aucune nouvelle. Il décide alors de mener l’enquête.
Et c’est là que tout se met à dérailler. Entre réminiscences et fantasmes, la narration se grise. Mixité des reflets, lois des échos, légendes urbaines, règlements de comptes, musique ou mirage la nuit, à l’autre bout du fil, quand le téléphone sonne et que personne ne répond ? Seul un souffle à l’autre bout du fil. Mais ne sont-ce pas plutôt les démons d’une enfance ravagée qui resurgissent ? Plutôt qu’un ami disparu… Et puis, quel ami au juste ? De qui parle-t-on ?
Frissons garantis dans ce roman noir.
 

Annabelle Hautecontre

Jonas Karlsson, Le Cirque, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, Actes Sud, novembre 2022, 192 p.-, 20€