Akira Mizubayashi :  la musique et la guerre

Akira Mizubayashi a écrit directement en français ce roman où se mêle la puissance de la musique et les horreurs de l'histoire où le héros est contraint à basculer dans un crime  contre l'humanité même si à l'époque où se passe le roman cela n'était pas répertorié comme tel.
Le héros souligne que son pays est en proie à la force belliciste, au désir d’expansion coloniale, à la politique d’un État militarisé obligeant tout un chacun à suivre corps et âme la voie des sujets désignés par l’empereur, forçant ainsi toute raison et tout esprit critique à s’effacer, à se taire complètement et durablement.
Si bien que chacun se retrouve impuissant et désemparé devant une telle violence. 
Mais ce roman résonne aussi comme un hommage à la musique, à son pouvoir civilisateur et d'union. C’est aussi une attention portée à l’influence de l’histoire sur les destinées individuelles. Avant un retour plus avant, la fiction montre comment durant la Seconde Guerre mondiale tout fait basculer des existences en dépit des efforts du héros de sauvegarder une part d’humanité. Surgit sa détresse morale lorsqu'il est contraint de tuer  un prisonnier chinois. 
Son journal devient le signe de l'horreur au moment où la vie ne compte plus en dépit de la légèreté insignifiante dans cette guerre, où les bourreaux malgré eux se trouvent impuissant et désemparés face à un tel carnage et en dépit des pouvoirs de transcendance de la musique.

Jean-Paul Gavard-Perret

Akira Mizubayashi, Reine de cœur, Gallimard, mars 2022, 235 p.-, 19 €
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