Cinema Purgatorio, tome 1

Cinema Purgatorio tome 1

Bienvenue dans le drive-in horrifique et totalement déglingué d’Alan Moore et ses amis. Une anthologie d’histoires hors du commun particulièrement originale !

« Tout y est rouge vif, il y a des insectes morts dans les luminaires, la caisse avec cette vieille dame qui te fixe. L’ouvreuse boiteuse déchire ton ticket et t’en redonne la moitié, comme un gage d’affection. Sa lampe torche, comme une grosse amibe jaune, éclaire l’allée devant toi. »

Il y a dans Cinema Purgatorio comme l’envie de revenir à quelque chose de simple. Une vingtaine de pages, une histoire, des monstres et bam ! Récit suivant ! Alan Moore et ses compères tentent de rallumer l’épouvante à la E.C. Comics ou à la Warren. Le principe est simple : Alan Moore file les clés de la salle de projection à une poignée d’auteurs triés sur le volet. Chacun peut disposer de l’espace qui lui est offert pour raconter une histoire d’épouvante. La seule contrainte technique, c’est que les dessins seront en noir et blanc.

 

 

Des artistes connus

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Cinema Purgatorio a su fédérer une jolie brochette d’auteurs. Derrière la caméra, on retrouve Alan Moore et Kevin O’Neill, qui ont déjà travaillé ensemble sur La Ligue des gentlemen extraordinaires. Signalons aussi la présence de scénaristes bien connus des productions Avatar comme Garth Ennis (Wormwood), Kieron Gillen (Über), Max Brooks (The Extinction Parade) et Christos Gage (Crossed).

Je craignais un peu le déferlement de sang (et de sexe) auquel nous a parfois habitué Avatar Press. Mais globalement Cinema Purgatorio a le bon goût de ne jamais dépasser les limites et de rester assez sage.

 

 

Au programme ce soir, cinq histoires d’épouvante

Les cinq histoires de cette première projection ont l’avantage d’être très diversifiées. On peut aussi voir cela comme un défaut dans la mesure où il n’y a aucun lien thématique entre les histoires. Pour ma part, j’ai choisi de laisser un peu de temps entre chaque histoire pour éviter de les comparer entre elles.

« Cinema Purgatorio » est un récit surréaliste dans lequel un spectateur se rend régulièrement au cinéma et où chaque séance dérape. Dans « Code Pru », nous suivons le quotidien de deux ambulanciers dans un univers où les créateurs fantastiques côtoient les humains. « Modded » est une espèce de Pokemon post-apocalyptique infernal (oui, je sais, ça vend du rêve…). « A More Perfect Union » est un récit fantastique et historique où des soldats affrontent des armées de fourmies en pleine Guerre de Sécession. Et « The Vast » met en scène des kaiju (des monstres géants) un peu partout à travers le monde.

 

Cinema Purgatorio tome 01

 

Des récits originaux

Le problème de ce Cinema Purgatorio, c’est qu’il n’atteint pas vraiment son objectif annoncé (refaire du horror comics à l’ancienne). Disons qu’il ne suffit pas d’imposer du noir et blanc pour donner une patine ancienne. Le défaut le plus fréquent dans ces cinq récits, c’est de louper la chute. S vous avez déjà lu des histoires à la Creepshow, vous savez que la conclusion (souvent violente et extrêmement cynique) compte pour beaucoup dans le plaisir de lecture. Ici, certains scénaristes se paient le luxe de ne même pas proposer de conclusion satisfaisante. Je pense notamment à Kieron Giellen et son « Modded ». Par contre, la grande qualité de Cinema Purgatorio, c’est de proposer des histoires hors normes et inédites. Si vous recherchez un vent de fraîcheur dans l’horreur US avec un petit goût d’indé, Cinema Purgatorio est pour vous.

Avec ces défauts, il faut donc prendre cette lecture pour ce qu’elle est : une agréable collection d’histoires originales qui changent du tout venant des grands éditeurs US.

 

► Et maintenant ? Lisez ma critique de Providence, tome 1 !

 

Stéphane Le Troëdec

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Les références

Alan Moore, Garth Ennis, Max Brooks, Kieron Giellen, Christos Gage (scénario), Kevin O’Neill, Raoul Caceres, Michael DiPascale, Ignacio Calero, Gabriel Andrade (dessin)

Cinema Purgatorio, tome 1

Édité en France par Panini France (17 mai 2017)

Traduit par Ben KG

Lettré par Laurence Hingray et Christophe Semal

Collection Best of Fusion

26,00 €

192 pages en noir et blanc sur papier mat et sous couverture cartonnée

EAN/ISBN : 978-2809460117

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