La bête de Catherine Hermary-Vieille : de l'homme ou de l'animal, qui est la véritablement la bête?

La Bête de Catherine Hermary-VieilleOn ne présente plus Catherine Hermary-Vieille l’une des reines du roman historique. Après Les années Trianon et Le siècle de Dieu, elle revient avec La bête, un roman entre mythe et histoire où l’auteur revient sur la légende de la Bête du Gévaudan.


Au XVIIIe siècle, dans le petit village de la Besseyre-Sainte-Marie, les hommes ont plus peur du Diable que des loups. Si l’on sait chasser les premiers, on fait appel au père Chastel pour tenir en respect le second grâce à ses potions et à ses amulettes. Respecter et craint pour son savoir, Jean Chastel est un être secret qui s’est renfermé sur lui-même après la mort de sa femme. Son cadet, Antoine, a hérité de ce caractère taiseux et ce qu’il ne dit pas c’est qu’il veut partir. Abandonnant son père et son frère, Antoine s’embarque pour un voyage qui s’achève dans les geôles du dey d’Alger. Lorsqu’il rentre au pays, il n’est plus le même. C’est alors qu’une mystérieuse bête qui semble tout droit sortie de l’enfer commence à s’attaquer aux bergères.


Entre 1764 et 1767, la bête du Gévaudan tue plus de 100 personnes, uniquement des femmes et des enfants. Les théories les plus fantaisistes ont été évoquées mais celle sur laquelle s’appuie Catherine Hermary-Vieille est celle qui semble la plus probable selon les études actuelles : celle de l’association entre l’homme et la bête. Une bête, qu’il s’agisse d’un loup, d’un ours ou encore d’une hyène, n’ayant pas la capacité de décapiter et encore moins de totalement déshabiller une de ses victimes, l’intervention d’un homme est donc plus que probable. Deux questions se sont alors posées à l’auteur : la nature de la bête et l’identité du serial killer. Le principal suspect à l’époque était Jean Chastel, celui- là même qui a fini par abattre la bête. Fait troublant : alors qu’il visait l’animal, celui-ci ne s’est pas enfui et au contraire est venu s’asseoir devant lui ce qui laisse penser qu’elle était domestiquée. Le parti pris de Catherine Hermary-Vieille est de faire de Jean Chastel, un homme tiraillé entre son statut de père et celui de guérisseur. Face à lui, Antoine, son double maléfique. L’auteur nous fait rentrer dans l’esprit de ce serial killer : pas à pas, on suit l’itinéraire du plus grand sérial killer du XVIIIe siècle. Malgré la sauvagerie de ses actes, le lecteur est vite subjugué par la relation qu’il entretient avec les animaux et ressent une espèce de tendresse pour cet homme blessé et exclu du monde des hommes. Devenant de plus en plus sauvage, il devient lui-même une bête.


Catherine Hermary-Vieille livre ici un roman sombre et bestial où l’on ne sait qui est la bête de l’homme ou l’animal.

 

Julie Lecanu

 

Catherine Hermary-Vieille, La bête, Albin Michel, février 2014, 154 pages, 15 euros.

 

 

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