La Guerre d’hiver de Philip Teir : Crise de ménage

Sous le titre, et la couverture montrant un café qui valse, deux mots ont retenu notre attention : "roman conjugal". Étonnant résumé qui pourtant, dans le cas de ce premier roman écrit par le jeune finlandais Philip Teir se justifie complètement. C’est du couple dont on va entendre parler, dans cette satire, du couple et de son enfer.

 

Max Paul, sociologue, a 60 ans et a connu la gloire quand il a travaillé sur la sexualité de ses concitoyens de la classe moyenne. On le reconnaissait, on lui demandait son avis. Mais c’était il y a vingt ans et des poussières, et notre héros vivote, bloqué par la page blanche. Avec Katrina, sa femme, tout semble bien aller, mais une certaine usure voit le jour. Devenues adultes, ses trois filles ne s’occupent guère de lui. Le mariage est-il selon les mots de l’auteur "une forme de tyrannie réciproque" ?

 

Tout commence en effet dans les affres d’une nouvelle cuisine intégrée et finit avec une fête qu’on inflige à Max  pour cet anniversaire qui le déprime tant. Laura, une jeune étudiante au look hippie saura lui insuffler un peu de sa jeunesse et de sa vigueur.

 

Tout ceci pourrait être une énième version de Madame Bovary, vue du côté masculin cette fois, mais quelque chose dans ce premier roman force l’attention : c’est à un vrai jeu de massacre caustique que se livre le jeune romancier qui, dans son pays, a le vent en poupe : épouse castratrice, filles désinvoltes, peur de la vieillesse comme de l’impossibilité d’écrire, La Guerre d’hiver avance masquée dans la plus pure tradition anglo-saxonne pour nous surprendre et nous ravir. Une bonne surprise encore qui vient du Nord.

 

Ariane Bois

 

Philip Teir, La Guerre d’hiver : Roman conjugal, traduit par Rémi Cassaigne, Albin Michel, janvier 2015, 385 pages, 21,50 €

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