Marie Griessinger, On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en s’en allant : Peau de chagrin

Océanographe, son père venait d’Algérie et avait choisi de poursuivre le soleil jusqu’en Polynésie. Là, il est tombé amoureux d’une femme mariée et mère de famille aux cheveux jusqu’aux hanches et aux yeux en amande, qui, coïncidence étrange était née à Oran. Comme quoi on peut partir au bout du monde et y retrouver ses racines.

 

Telle une évidence, ils ont été heureux ensemble, d’abord en Guyane, puis à Uzès, toujours dans des endroits lumineux comme leur couple. Mais aujourd’hui la maladie, petit à petit attaque le mari, le père qui riait d’un si bon rire et l’oblige au silence. Une drôle de maladie pas drôle appelée de Léwy où l’on ne peut plus parler, où le cerveau devient comme un gruyère : hallucinations et démence s’installent.

 

Ce premier roman est d’abord un hymne de piété filiale, mais c’est aussi le texte d’une grande beauté, servie par une langue élégante sur quelqu’un qui, avant de s’enfoncer dans la nuit, a eu des dimanches heureux, des promenades sur les plages d’iles lointaines, l’amour de la mer et de l’outremer chevillé au cœur. Il y a les larmes et l’impuissance de toute une famille, mais aussi l’espoir malgré tout, des moments de complicité avec celui qui s’enfonce dans la nuit, une grande harmonie.

 

Un livre solaire, porté par une poésie peu commune, et dénué de tout pathos, dont la musique résonne encore longtemps.

 

Ariane Bois

 

Marie Griessinger, On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en s’en allant, Albin Michel, février 2015, 122 pages, 12 €

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1 commentaire

frédéric Jaurès

Je viens de terminer "on reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait en s'en allant" et ce livre m'a dévasté. En effet quel amour pour ce père et l'amour entre ses parents ...... bravo à vous de m'avoir fait voyager, pleurer, aimer