Tous nos noms de Dinaw Mengestu : L’exil et la culpabilité

C’est seulement le troisième roman et on peut déjà parler d’œuvre. Après le succès de son premier livre Les belles choses que porte le ciel Prix du premier roman étranger en 2007 et Ce qu’on peut lire dans l’air, Dinaw Mengestu revient avec une histoire ambitieuse, entre les États-Unis et l’Afrique, entre l’appartenance à un pays et l’exil, dans un long balancement hypnotique dont il a le secret. 

 

Isaac  quitte Kampala où rode l’ombre de la dictature après avoir rencontré un jeune militant qui lui sauve la vie. En chemin, il se défait de ses treize noms tribaux et rejette ainsi son identité, préférant l’anonymat d’un simple prénom. Il arrive à Laurel, bourgade du Midwest raciste et sans intérêt, Helen, l’assistante sociale mise à part.

 

Entre ces deux êtres, une histoire d’amour s’ébauche dans l’Amérique des années 70 entre combats pour les droits civiques et résistances conservatrices.

 

Deux voix narratrices se mêlent, qui disent l’amour mais aussi les difficultés de la perte d’un pays, d’une langue, d’une identité. Le héros reste en effet tiraillé entre un passé désormais inaccessible et une nouvelle vie dont il n’arrive pas à dessiner les contours malgré l’amour d’une femme.

 

L’auteur a lui même quitté avec sa famille la terreur rouge de l’Éthiopie de Mengistu Hailé Mariam quand il n’avait qu’un an, ses livres évoquent le déracinement, la culpabilité et la nécessité de se réinventer ailleurs sur un ton grave et mélancolique, qui ressemble à de la saudade.  

 

Tous nos noms vient de remporter le Prix Lucien-Barrière du festival Américain de Deauville 2015 et ce n’est que justice. Enjoy !

 

Ariane Bois

 

Dinaw Mengestu, Tous nos noms, Albin Michel, traduction Michèle Albaret-Maatsh, août 2015, 338 pages, 21,50 € 

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