Femme au foyer de Jill Alexander Essbaum : 50 nuances chez les Suisses

Comment remplir le vide abyssal en soi ? Anna, Américaine de 37 ans, mariée à un banquier suisse, Bruno, mère de deux jeunes garçons et d’une fille de quelques mois, s’ennuie. Comme Emma Bovary. Et comme elle, elle va prendre un premier amant, Stephen, un autre expatrié. Mais celui-ci rentre au pays et depuis, la malheureuse traite sa dépression par le sexe à outrance.

 

De rencontres fortuites en liaisons semi-régulières, Anna tente le grand frisson, mais reste insatisfaite. Ou croit l’être, coupée de ses racines, étrangère dans un pays qu’elle ne cherche pas à comprendre, oisive à la façon des bourgeoises du XIXe siècle .  Une analyse arrivera-t-elle à soigner son mal de vivre ? Mais quand la tragédie, la vraie, prend le pas sur le nombrilisme échevelé de l’héroïne, celle-ci découvrira la vraie nature de son mari et la sienne par la même occasion. Adultères, désintégration d’un mariage, passion tragique, ce premier roman d’une poétesse américaine a remporté un franc succès outre-Atlantique.

 

Soit. On tourne effectivement les pages de ce best-seller en attendant le faux pas d’Anna. De là à la comparer à Madame Bovary… Le texte n’évite pas les clichés (l’amant est spécialiste du feu… normal pour un personnage qui cherche à se consumer !) et notre Anna est horripilante par sa placidité de vache helvétique sous Valium. Quant à l’érotisme, comme 50 nuances, il joue la carte du prévisible et du faussement choquant. Enfin la morale de l’histoire avec châtiment divin de l’infidèle met mal à l’aise. Les Suisses méritaient mieux !

 

Ariane Bois

 

Jill Alexander Essbaum, Femme au foyer, Albin Michel, janvier 2016, 400 pages, 22 euros.  

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