Stefan Arnhem, "Hors cadre"

Fabien Risk, policier chevronné mais ayant un peu trop tendance à faire cavalier seul, est muté de Stockholm  à Helsingborg, sa ville natale, au sud du pays. En attendant de prendre ses  fonctions, il dispose de six semaines de repos qu’il compte mettre à profit pour aménager sa nouvelle maison et se rapprocher de sa femme avec laquelle les relations sont loin d’être au beau fixe.


Hélas, dès son arrivée, il est  contacté par Astrid Tuvesson, sa future chef. Un meurtre  a été commis et il a bien connu  la victime, un copain de collège. Près du corps, la photo de leur classe de troisième  sur laquelle, le visage du mort est  barré, augurant d’une série de crimes à venir. Et très vite, d’autres anciens élèves sont retrouvés morts dans des conditions atroces avec la même photo et les identités supprimées  en guise de signature macabre.


Pour le policier, qui en oublie ses vacances, le tueur ne peut être qu’un  collégien de l’époque. Un adolescent mal dans sa peau, harcelé  humilié, un autre ayant bien caché son jeu ou encore un professeur ?


Toutes les personnes figurant sur la photo sont à la fois suspectes et  victimes potentielles. Les retrouver vingt cinq ans plus tard en pleine période estivale est un jeu de patience éprouvant tandis que le meurtrier continue à tuer sans relâche dans une spirale de violence sans équivalent dans la petite ville si calme. Accidents de voiture qui n’en sont pas,  opérations chirurgicales sauvages en pleine nature, meurtre dans une bibliothèque aux heures d’ouverture…l’imagination du meurtrier est infinie. Sa détermination sans failles : il semble punir ses anciens congénères par où ils ont péché. Une femme trop bavarde aura droit à une « cravate colombienne » : une mort atroce dans laquelle, la langue est arrachée


Pour son premier roman,  Stefan Ahnem, par ailleurs scénariste de renom, frappe fort avec cette intrigue dans laquelle ni certaines des victimes ni le policier ne sont définitivement du côté des bons. La part obscure et tourmentée de l’inspecteur va crescendo au fil des pages. Si  le présent de Risk est  chahuté avec ses enfants adolescents, sa femme qui risque de partir ; son immersion dans le passé est vertigineuse entre amours déçues, lâchetés quotidiennes ne l'est pas moins. L’analyse psychologique des personnages secondaires  est d’une grande finesse, celle du meurtrier particulièrement angoissante. L’intérêt et l’angoisse du lecteur  s’accroissent de rebondissements en rebondissements. Le suspens ne faiblit pas un instant.


D’une facture classique, ce thriller scandinave présage pour son auteur d’une belle carrière à la Olsen ou à la Mankell



Brigit Bontour


Stefan Arnhem, Hors cadre, traduit par Marina Heide, Albin Michel, avril 2016, 571 pages, 24 €

 


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