Tommy Orange et les Indiens d'Amérique

Considéré par la critique américaine comme un des livres des plus importants de l'année, le roman de l'écrivain métisse Tommy Orange est une défense de la civilisation indienne. L'auteur la réhabilite à partir d'une histoire plurielle grevée d'une belle introduction où l'auteur rappelle – entre autres – que la pièce le plus petite (un penny) des USA était frappé de leur image. Ce qui était déjà un signe...
Ce premier roman est implacable car prenant et éprouvant. Il est construit sous la forme d'une fiction chorale et démocratique. Elle réunit 12 personnages de la communauté qui vont participer à un Pow-Wow. C'est  avant tout une sorte de manifeste pour la défense de l'existence des Indiens d'Amérique.

L'auteur sort des clichés de l'Americana en nous menant vers une culture première soumise à la destruction par l'addiction à l'alcool qui génère bien des drames familiaux.
Une grande maîtrise tient ce discours – trop peut-être – jusqu'à le transformer en roman à thèse. Il dénonce beaucoup et de manière sombre et accablante mais laisse peu de place à la prise en charge par le lecteur de sa propre réflexion.

La langue n'est pas toujours parfaite dans son lyrisme particulier. Néanmoins le livre emporte jusqu'à ses dernières pages presque insoutenables. La force tragique est omniprésente. Elle est impressionnante avec des personnages en rupture de banc avec l'idéologie omnipotente.

Jean-Paul Gavard-Perret

Tommy Orange, Ici n'est plus ici, traduction de l'anglais (U.S.) par Stéphane Roques, Albin Michel, août  2019, 352 p.-, 21,90 €

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