Aldo Qureshi : tant que vibrent les hanches du limonaire

Aldo  Qureschi rend le réel onirique même lorsqu'il évoque des vies vouées aux fournaises. Ses historiettes de derrière les fagots donnent une vision oblique d'un monde à la trivialité plus ou moins positive.La poésie devient appétissante et oblige à tourner les pages pour contempler un présent empêtré dans sa glu. Mais il est détourné par des égarements drolatiques et débridés. Les liturgies quotidiennes sont délibérément désaxées là où les corps en guenilles et aux yeux cernés vacillent ou s'envolent entre orgasme et ordalie.

Nous suivons un fouilleur de poubelle, une jeune manouche, une mouche collante, une femme qui vous frotte le ventre, un père absent, une mère abusive, des moineaux et milles situations sans pompes mais avec bien des circonstances plus douteuses les unes que les autres.
Les femmes y gardent le beau rôle du moins lorsqu'elles sont complaisantes. Mais l'auteur n'ignore rien du subtil supplice sans racine ni raison qu'elles peuvent faire courir au coeur des plus hautes frondaisons des tours de Sarcelles.

Ainsi vont le labeur, l'ennui, la vie. Souvent sans insouciance mais au besoin avec des plaisirs immatures. Et quels que soient les oiseaux de bon ou mauvaise augure il s'agit d'un temps à ne jamais se passer des corps et de leur sueur. En avant, tous !

 
Jean-Paul Gavard-Perret
 

Aldo Qureshi, Le Roi de la sueur, Atelier de l'agneau, août 2021, 96 p.-, 17 €

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