Alexis de Tocqueville et la démocratie

Les survivants de 1793 avaient de la peine à concevoir que la démocratie puisse déboucher sur autre chose que la tyrannie du peuple. Et Tocqueville, défini par Guizot comme aristocrate vaincu et convaincu que son vainqueur a raison ne se voile pas la face. Il sent le péril du despotisme administratif, qui fait des individus les esclaves du pouvoir ; il peint les dangers de l'individualisme, d'où naît le désintérêt pour la chose publique.
Et ce à travers deux textes majeurs : Dans La démocratie en Amérique où il présente le tableau de la seule véritable société démocratique de époque. Non seulement il la décrit mais en analyse avec acuité son avenir. Quant à la seconde Démocratie, l'Amérique devient moins le sujet que le fond sur lequel se dessinent la démocratie idéale et ses perspectives dans les sociétés modernes. 
Répondant aux interrogations d'une époque, à presque 200 ans de distance et alors que les circonstances qui avaient suscité ces interrogations ont disparu, les questions et réponses conservent leur pertinence. L'enjeu était considérable. Il le demeure.
L'œuvre révèle la nécessité et la fragilité des équilibres démocratiques, est reste riche de contenu pour notre temps. Il rompt avec l'idée que les mêmes causes produisent toujours des effets analogues et délivre un message d'espoir et aussi une lecture de ce que l'histoire du XXe siècle a commis dans ses dérives totalitaires au nom d'une démocratie détournée de son sens.

Jean-Paul Gavard-Perret

Alexis de Tocqueville, Œuvres, Tome II, édition publiée sous la direction d'André Jardin avec la collaboration de Jean-Claude Lamberti et James T. Schleifer, coll. La Pléiade, Gallimard, mars 1992, 1232 pages, 65,50 €

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