Hayama Yoshiki : La putain respectueuse

C’est en prison que Hayama Yoshiki rédige La Prostituée. Paru en 1925 dans la revue Bungei sensen, ce livre devient d'emblée une bombe politique et littéraire. Et l'auteur accède à la reconnaissance publique qui lui fait dépasser le simple domaine de la littérature prolétarienne.

Dans ce texte trois hommes forcent le narrateur à leur donner son argent. Mais en échange, ils le conduisent jusqu’à une femme agonisante, qu’ils semblent détenir contre sa volonté : un cadavre qui respire dont ils lui offrent de faire ce qu’il voudra…

Mais un dialogue commence entre la femme et ce narrateur. S'y posent des questions majeures : est-on toujours­ victime de quelqu’un ? Est-on toujours bourreau de quelqu’un ? Et-il possible de sauver es êtres en perdition ?

À une époque de précarité, marquée par les flambées de colère et les horizons de crise, "La Prostituée" reste plus explosive­­­­­ que jamais. Le livre traite du consentement, de l’exploitation : Ce que je voulais de  ma pauvre sœur de misère, c’était lui demander quelles brutalités, quels actes vulgaires et honteux avaient commis sur elle les hommes montés jusqu’à ce jour dans cette pièce, écrit le narrateur.

D'où ce dialogue où la "putain" devient plus vertueuse que son inquisiteur de bonne volonté. Elle le met à nu, lui qui voulais "se glorifier à ses yeux."  La "garce" le perce à jour et le monde en est renversé.


Jean-Paul Gavard-Perret

 

Hayama Yoshiki, La Prostituée, traduit du japonais par Jean-Jacques Tschudin, Allia, juin 2021, 48 p., 6,20 euros

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