Lamartine : Biographie


Alphonse de Lamartine est né à Mâcon, le 21 octobre 1790. Son père, gentilhomme de vieille souche, avait porté l’épée, et était un type de droiture et de probité ; sa mère fut une des femmes les plus distinguées de son temps, par l’intelligence et par le cœur. Après la Révolution, toute la famille s'installa et vécut pendant plusieurs années dans la terre de Milly, près de Mâcon. Alphonse de Lamartine était l'aîné de six enfants, et seul fils. À l'âge de dix ans, on le mit en pension, d'abord à Lyon, puis à Belley où il resta quatre ans, et où il fit de très bonnes études. De 1807 à 1811, il partage de nouveau la vie de famille, à Milly et à Mâcon. C'est pour lui une époque féconde ; il lit, il médite et il rêve ; il écrit beaucoup de vers, dont sa Correspondance est pleine, et qui ressemblent plus ou moins à tout ce qui se rimait alors. Un voyage en Italie (1811-1812) vient ajouter des sensations colorées aux douces impressions du Maçonnais.

 

En 1814, à la première Restauration, Lamartine est garde du corps de Louis XVIII ; mais, après les Cent Jours, il ne reprend pas de service. Il retombe dans le fécond désœuvrement du campagnard, du voyageur, de l'homme du monde. Alors, sous l'influence d’un profond amour brisé, il écrit les Méditations, publiées en 1820. Le succès en est immense, Louis XVIII nomme le poète secrétaire d'ambassade à Florence, en 1821. En 1823, paraissent les Nouvelles Méditations et la Mort de Socrate. Puis le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold (1825) et les Harmonies (1830). La même année, Lamartine est reçu à l'Académie française.

 

Après la chute de Charles X, Lamartine démissionne. Il entreprend, en 1832, un voyage en Orient, dont il publie le récit en 1835. En 1833, il est nommé député de Bergues (Nord), et il commence sa vie politique. Cependant, il n'en continue pas moins à publier des vers : Jocelyn (1836), la Chute d'un ange (1838), les Recueillements (1839). En 1847, il donne un ouvrage en prose, l'Histoire des Girondins. La révolution de 1848, qu'il a contribué à préparer, et qu'il essaye d'abord de diriger, le fait ministre des Affaires étrangères et membre du gouvernement provisoire. Mais l'élection de Louis-Napoléon à la présidence de la République (1851) le rend à la vie privée et aux lettres. Au milieu même des troubles politiques, en 1849, il avait publié les Confidences, Graziella, Raphaël. Puis, pour sortir d'embarras financiers créés à la fois par son désintéressement et par sa prodigalité, il se condamne, selon sa propre expression, aux « travaux forcés littéraires ». Il écrit, sans trêve, le Cours familier de littérature, l’Histoire de la Restauration, etc. Il sollicite, par voie de souscription à ses œuvres complètes, la générosité publique : mais la France a oublié les Méditations. Il faut que le gouvernement impérial vienne à son secours, et lui fasse accepter, à titre de récompense nationale, un capital de 500 000 fr.

 

Lamartine mourut le 2 février 1869 : il fut enseveli modestement à Saint-Point.



 

Le lyrisme de Lamartine.

 

Les sources de ce lyrisme sont multiples : comme livres, Virgile et Tibulle, Pétrarque, le Tasse, Ossian, Byron. Racine, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand : puis les impressions d'enfance, cette éducation pieuse et délicate, presque féminine ; enfin, l'amour pour Elvire. Le poète entre dans la vie épris d'idéal, croyant au bonheur et à la vertu ; il les cherche dans la société ; et, ne les y trouvant pas, il se réfugie dans la nature : la nature lui parle de Dieu, auquel peu à peu il remonte. Jusqu’à se perdre en lui.

 

Or, ce genre de lyrisme, qui est fait d'effusions spontanées, naïves, qui commence par une plainte ou par un regret, pour s'achever par la résignation ou par l'espérance, est celui qui convenait à la société de 1820, encore tout émue des catastrophes de la veille, saturée de mélancolie et de religiosité par la lecture de Chateaubriand, et attendant un poète qui chanterait ses états d'âme.

 

Jamais poète, donc, ne parut plus à propos que Lamartine, et il devait survivre à son succès d'actualité, parce qu'il répondait moins à une mode qu'à un besoin profond et éternel de l'âme humaine, particulièrement vif à cette époque.

 

Lamartine lui-même a dit, dans la Préface des Méditations (écrite en 1849) : « Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ai donné à ce qu'on nommait la Muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du cœur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature. »

 

Ajoutons que, précisément, ce lyrisme n'est jamais, des Méditations aux Harmonies, une poésie de virtuose. Lamartine n'est pas poète de profession. Il ne chante que pour exhaler, à de certaines heures, l'émotion ou l'enthousiasme qui l'oppressent. De là, sans doute, une certaine négligence d'expression et des inexpériences de métier qui gâtent ses vers, aux yeux des grammairiens et des parnassiens. Mais de là, aussi, dans quelques pièces, une sincérité d'accent, une puissance d'inspiration, qui font oublier absolument le poète, pour céder toute la place à la poésie.

 

 

[Source : Charles-Marc Des Granges, Les Grands écrivains français des origines à nos jours, Librairie Hatier, 1900]

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Grosse erreur ou plutôt faute de frappe, Lamartine meurt en 1869! 

Littérairement vôtre..