Amélie Nothomb, "Pétronille", l'âme sœur et le champagne

Avec régularité, Amélie Nothomb donne à lire certains événements de sa vie. La cuvée 2014, Pétronille, d'une simplicité stylistique rare pour l'écrivain chapeauté qui nous habitua a plus d'excentricité, parle d'une double passion : celle du champagne et d'une amitié tumultueuse avec Pétronille Fanto.

Tout commence quand Amélie Nothomb, en attente d'une âme sœur pour l'accompagner dans sa quête de gaieté champenoise, rencontre lors d'une dédicace une de ses correspondantes, qui s'avère être tout un personnage : très belle jeune femme aux allures de jeune adolescent revêche en diable et touchant autant que possible. S'ensuit un apprentissage réciproque et une amitié très forte qui mêle littérature et beuveries pétillantes. De loin en loin, au fil des livres de chacune et des coupes vidées, se forge une très belle histoire de femmes.

Il y quelques scènes d'anthologie, notamment le séjour à Londres pour rencontrer Vivienne Westwood, immonde créature, ou la descente des pistes de ski en buvant au goulot un nectar doré. Mais c'est dans le calme fragile de leurs têtes à têtes que Pétronille trouve tout son plus grand intérêt : d'un côté, la star déjà reconnue (la rencontre commence en 1993, après le second roman d'Amélie Nothomb) et la jeune apprentie romancière. D'un côté, le détachement belge, de l'autre une vision du monde âpre issu de la classe ouvrière. D'un côté, une amie qui cherche à se donner et qui veille sur sa "petite soeur", de l'autre l'enfant sauvage qui fuit, jamais trop loin cependant... 

Savoir quel écrivain se cache derrière Pétronille (nous disons Stéphanie Hochet) n'apporte pas beaucoup de sens au livre (sinon une saine publicité  ce vrai bel écrivain), car l'art de Nothomb est de porter le particulier au niveau de l'universel, et de nous offrir une relation magnifique entre deux âmes sensibles et déplacées, qui ne peuvent que se forger une place à contre-courant dans le monde des livres. 


Loïc Di Stefano

Amélie Nothomb, Pétronille, Albin Michel, août 2014, 169 pages, 16,50 eur

9 commentaires

Le texte est-il aussi vide que son dernier?
Les pages contiennent-elle encore plus de marges et d'interlignes que de mots?
Le style est-ils toujours aussi plat que ses derniers livres?
Est-elle encore et encore le nombril de son écriture ?
Si au moins Amélie N. avait inventé l'eau chaude, on pourrait s'intéresser à sa vie, mais, même pas l'eau tiède !
Cet auteur est un produit marketing programmé. Un livre à paraître à la même époque tous les ans… Son agent de presse est efficace, il faut le reconnaître, mais sur les 600 titres de la rentrée, il y a certainement beaucoup mieux et plus enivrant littérairement à découvrir.
Madame n'a plus d'autres sujets qu'elle même… elle vieillit !

ouaip...j'suis pas sûr que cette  autobiographie  de deux copines fusionnelles qui se pintent au champagne partout (même sur les pistes de ski! ) soit vraiment indispensable, ni même intéressante, sauf à être un fan inconditionnel de la dame au maquillage castorama.
Et puis, comment ne pas rester dubitatif devant la crédibilité de ce personnage qui a "une  vision du monde âpre issu de la classe ouvrière" mais dont l'occupation favorite  est de boire du champagne avec une star  millionnaire... je sais bien que dans "classe ouvrière" il y a "classe", mais quand même...
Sur le fond,  ne serait-ce pas, là encore, un de ces innombrables bouquins nombrilistes et narcissiques qui inondent les librairies, pondus avec une délectation frisant l'onanisme ( "une catharsis emblématique du mal-être contemporain" diraient avec gourmandise certains chroniqueurs du site) par des auteurs arrivés au bout du rouleau  de leur inspiration ?
 Quand on n'a plus rien à dire, on parle de soi, c'est bien connu, surtout quand on estime, à force d'être déconnecté du réel par une vie festive (champagne pour tout le monde!) et un entourage forcément louangeur, que sa propre vie est un chef d'oeuvre artistique.
En bref, la passion d'Amélie pour l'alcool, on s'en fout totalement. Aurait elle fait un bouquin si elle se pintait au Pastaga?  J'en doute un peu.

je ne suis pas l'avocat d'Amélie Nothomb, loin de là, toutefois il faut admettre plusieurs choses : 


- elle a toujours été (ou quasiment) le sujet de ses romans, en s'évertuant à donner une "dimension" supérieure au nombril à son écriture
- Pétronille permet à ceux qui ne la connaissaient pas de découvrir Stéphanie Hochet, c'est déjà pas mal 
et surtout 
- personne n'est obligé de la lire !

C'est pas faux, mon cher Loîc, personne n'est obligé de le lire-heureusement, d'ailleurs!.
Je m'empresserai donc de profiter de votre fort aimable permission pour éviter de claquer 16 balles dans cette oeuvre "à dimension supérieure".
Qu'il me soit juste permis, en tant que Champenois d'origine, de remarquer que cette divine boisson ne se boit ni en faisant du sport, ni sur de la glace. Si ce livre peut bien servir à quelque chose....

quant au champagne, elle en fait un bel éloge, je vous enverrais les bonnes feuilles !

ça c'est sympa! ;^)

Cru magnifique. Style toujours aussi électrisant. Personne n'ose le dire, mais Amélie écrit de mieux en mieux.  Il est vrai qu'il faut aimer la littérature plus que la culture pour jouir avec elle. Je le prouverai dans quelques jours.

"Personne n'ose le dire, mais Amélie écrit de mieux en mieux." Alors soit l'ami Pierre a, lui aussi, abusé du champagne - comme dans le livre - car son étude sur Jonathan Littel démontre combien il sait lire, mais à part à admettre qu'elle est partie de si loin (mis à part son premier opus) et qu'elle ne fait que remonter la pente, je ne vois pas où peut se situer la littérature dans sa non-oeuvre, soit il a trouvé le seul coin de France où le soleil tape fort - et sans pluie - et il est sorti dans chapeau...
:-)
Attendons donc quelques jours... mais j'ai un doute... 

la réponse de Pierre Cormary est ICI