Discours de réception d'Amélie Nothomb à l'Académie royale de Belgique

Le 15 mars 2015, après de nombreux éloges et prix sur son oeuvre romanesque, ainsi qu'un colloque international, Amélie Nothomb était élue à Académie royale de Belgique pour succéder au fauteuil de Simon Leys. Elle y fut accueillie le 19 décembre 2015. Comme le veut la tradition, c'est d'abord son éloge qu'elle doit entendre pour ensuite faire celui de son auguste prédécesseur. 

Accueil de Jacques De Decker

Rappelant son parcours personnel et son héritage (il y a plusieurs Nothomb dans cette Académie), Jacques De Decker passe l'œuvre d'Amélie Nothomb en revue en mettant l'accent sur le caractère comique et la particularité de ces romans où l'auteur se met en abîme tout en gardant une manière de distance, au point où sa biographie est romanesque mais que jamais les romans ne tombent dans l'autofiction. Citant (avec un peu trop d'emphase) aussi bien Paul Eduard que Georges Simenon, William Blake ou André Gide, André Breton  ou Charles Baudelaire, De Decker qualifie cette "Fifi Brindacier" de la littérature belge le flow blanc d'une littérature "mystérieuse et ludique, fantaisiste et grave".

Discours d'Amélie Nothomb

A son tour, Amélie Nothomb fait l'éloge de Simon Leys (1935-2014), le grand écrivain et sinologue (et "gentilhomme") que fut cet ami de son père, qui lui fut présenté alors qu'elle avait 7 ans au Japon. Et cette présentation d'un écrivain, fut une révélation. Plus tard, la lecture de son œuvre la convainquit dans son intuition : Leys est un grand, car il habite son œuvre, car il ose combattre le déni des intellectuels occidentaux qui ne voient pas les crimes du régime de Mao avec un art magnifique ("Simon Leys faisait aimer la forêt d'amour avant de raconter son incendie" à propos de La Forêt en feu), et surtout parce qu'il met au premier rang de toutes ses considérations la beauté, cela même qui motive l'œuvre d'Amélie Nothomb. 

Ainsi, succédant au fauteuil d'un de ses grands modèles littéraires et humains, qu'elle considère toujours vivant tant elle lit et relit son œuvre, Amélie Nothomb rappelle à ses détracteurs que la littérature est avant tout la quête d'une beauté et d'une limpidité, rejetant les abscons et abritant son travail derrière cette citation de Victor Hugo : "quand on n'est pas intelligible, on n'est pas intelligent". 

A ceux qui pensent qu'il s'agit d'une littérature trop simple, simpliste, limpide et vide... 



Loïc Di Stefano

Discours de réception d'Amélie Nothomb à l'Académie royale de Belgique, accueillie par Jacques De Decker, Albin Michel, août 2016, 48 pages, 10 eur
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