Amina Damerdji : tambour et caisse claire

Lorsque martèle dans notre crâne en ses dernières tempêtes  un « ça n’a pas d’issue », Amina Damerdji s'y enfonce, soulève ses écailles car elle voudrait inscrire l’être au registre de l’avenir.  Devenue une carcasse vide sur le matelas des songes, il peut encore épeler l’exaltation grâce à celle qui innerve le premier livre de la jeune poétesse née aux Usa et qui a vécu à Alger puis à Paris. Reconnue par Charles Pennequin et Julien Blaine (entre autres) celle qui se veut performeuse jette de manière impressionnante ses impulsions intimes mais qui n’ont rien d’étroitement intimistes selon un lyrisme particulier au lieu de multiplier les images elle préfère en tisser une majeure : celle de la machine à laver.


Constitué d’une suite de temps imprécatifs  « Tambour-Machine » est une totale réussite. Aux  données psychologisantes qui infectent le logos se substituent des coutures plus fondamentales. L’acte d'écrire devient extatique, exorbitant. Se produisent une série de  renversements, retournements, basculements, lavages, essorages. Le lecteur ne peut que se laisser emporter par leur force du texte et sa succession de moments entre abandon et mouvance. Et si le monde est parfois plus nocturne que la nuit elle-même, Amina Damerdji trouve le langage qui en se frottant à lui provoque des étincelles. L'humanité pourrait y redevenir agissante plus sous l’égide de la construction que de la destruction.


Jean-Paul Gavard-Perret


Amina Damerdji, « Tambour-Machine », Coll. Les Oubliés, Editions Plaine Page, Barjols, 16 pages, 5 Euros.


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