Enan Burgos : entrées en matière
Enan Burgos offre le corps dans sa nudité. Ceux qui trouvent une telle peinture obscène oublient trop vite que c'est grâce à elle que s'élabore l’incantatoire de l’Imaginaire signe d'une attitude mentale particulière. Elle tourmente jusqu'à l'obsession la matière unique du corps traité non comme concept mais en tant qu’objet désirable et désiré.
Néanmoins la peinture de
Burgos passe par un processus de corrosion. L’identité demeure sous forme
dubitative : dire, voir, croire, exister sont entraînés vers une forme non
de dissolution mais de valse. Indifférent à la narrativité psychologique
l’artiste défait la présence ou la met en floculation et en hybridation tant
par le sujet que par la matière et son support.
Le visuel entretient ici
un rapport avec le crime - non contre la personne mais contre l'image. Crime
intellectuel, mental totalement libre puisqu'il
s'agit de tuer ce qui n'a plus de vie, ce qui n’est plus le corps. Le crime
semble le passage pour réengendrer « du » sujet. Il prouve que la
seule recherche féconde est une alchimie des matières.
La vie danse par la
bouillie des corps lourds et rayonnants en un hymne à l'expansion d'un
épanouissement. Demeurent les couleurs qui évacuent l’âme. C’est le passage
obligé à l’artiste pour rebondir afin de ne plus souffrir du réel en tant
que réalité manquée lorsque le corps
est séparé de lui-même. Jaillit un rapport dynamique : il devient le moteur de l'œuvre comme de
l’existence.
Jean-Paul Gavard-Perret
Enan
Burgos, « Desnudez / nudité » et « Sable, peintures et poèmes, Éditions Fata Morgana, « Cabinet secret » avec Samira Negrouche, Color
Gang Édition.
0 commentaire