André Breton, Benjamin Péret : au-delà des postures

La correspondance entre André Breton et Benjamin Péret permet de mettre à jour une des parts les plus sympathiques du mouvement. Cet échange sous le sceau d’un respect mutuel et bien sûr de l’amitié met en exergue le rôle qu’a pu jouer Péret au sein du mouvement et auprès de Breton Ce dernier le salue de la plus belle manière. Mais l’admiration est réciproque. S’il existe des oppositions entre les deux poètes les affinités sont bien plus importantes et demeurent constantes. Les points de friction sont plus complémentaires qu’irrémédiables.
Preuve que l’amitié fait bien les choses et rend les désaccords jamais insurmontables.

Un tel échange séduit.
Au sacré littéraire et artistique Breton et Péret préfèrent l’insolence hérétique. Les deux auteurs savent s'épauler lorsque cela est nécessaire pour répondre aux attaques. Il n’est jamais question entre eux de gloire ou de reconnaissance. Mais l’objectif n’est pas plus de plonger dans l’intime. Chacun des deux épistoliers garde la mesure nécessaire pour assurer un travail et une amitié qui traversa le temps. Chacun était suffisamment sûr de ses recherches et de leur sérieux comme il l’était pour les travaux de l’autre : cela évite tous dialogues superfétatoires et ronds de jambes.

Les protagonistes ne se perdent pas dans les blablas. Ils avancent de concert en leurs dissidences et les choix politiques qui leurs paraissent les meilleurs. Ce qui n’empêche pas l'ironie. Mais le plus intéressant reste l’absence de condescendance de l’un envers l’autre. Et dans leurs différences de style et de registres les lettres recèlent néanmoins les mêmes données fondamentales. Pour une fois des auteurs se parlent sans souci de la pose ou de tractations comme c’est souvent le cas dans un tel genre.
Mais ici l’amitié ne se marchande pas : elle se donne. Breton y paraît plus humain et Péret toujours égal à lui-même : le plus grands des poètes du surréalisme français.

Jean-Paul Gavard-Perret

André Breton, Benjamin Péret, Correspondance (1920-1959), édition établie par Gérard Roche, Coll. "Blanche", Gallimard, décembre 2017, 464 p.-, 29 €

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