La malédiction du Gabrielle- tome 2 : A l'ombre du diable - Andréa H. Japp ou le féminisme au Moyen Age

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Il nous aura fallu attendre un an pour lire la suite des aventures de Gabrielle d'Aurillay dans A l'ombre du diable, deuxième tome de la dernière série d'Andréa H. Japp, La malédiction de Gabrielle. Une deuxième tome qui voit l'héroïne s 'affirmer et le mystère s'épaissir autour du diptyque que cette dernière a en sa possession.

1348- La peste sévit à Paris et ravage le royaume tout entier. Alors que Gabrielle d'Aurillay vient de découvrir la véritable nature de son mari -joueur invétéré, menteur, tricheur et amateur de bordel, elle est à son tour frappée par le fléau de Dieu. Si elle survit, elle perd l'enfant qu'elle portait. Elle quitte alors la capitale avec sa fidèle Adeline, emportant avec elle un mystérieux diptyque qui excite la convoitise de trop nombreuses personnes comme elles ne tardent pas à s'en rendre compte. Gabrielle n'a pas le choix : elle doit cesser d'être une jeune bécasse énamourée et prendre son destin en main.

Si Le fléau de Dieu avait posé la trame de cette trilogie, A l'ombre du diable permet de dresser des portraits de femmes fortes comme Andréa H. Japp les aime. On voit ainsi la transformation des différents personnages féminins et notamment de Gabrielle. Aveuglée par l'amour, femme trahie, mère devant faire le deuil de son enfant mort in utero, Gabrielle passe d'une naïveté agaçante à une détermination sans faille forte de son statut de survivante. Elle a survécu à la peste, à une tentative d'assassinat, à la folie et à la peur des hommes et comprend qu'elle ne peut compter que sur elle à une époque où le sort d'une femme seule n'est guère enviable. Adeline, matrone chargée de l'accoucher, relève également la tête et tente d'appliquer une nouvelle théorie : " Si elle relevait la truffe et adoptait fouet haut, on la considérerait avec plus d'égards." Autre femme forte au centre du roman, la reine Jeanne de Bourgogne, dite Jeanne la boiteuse. Plus qu'un surnom permettant de la désigner, ce dernier montre la suspicion de l'époque envers cette reine. D'abord, parce qu'une telle infirmité était la possible marque d'une intervention diabolique. Ensuite et surtout parce que son mari, Philippe VI, lui confia les pleins pouvoirs lorsqu'il partait au combat. Hors si cela était une preuve de la confiance qu'il avait en son épouse, beaucoup à l'époque y ont vu la marque d'une manipulation de la reine sur son époux. Il faut dire aussi que la reine Jeanne disposait d'un caractère bien trempé, n'hésitant pas à affirmer ses amitiés bourguignonnes. Déjà arrivée à un âge avancé pour l'époque, surtout après avoir donné une douzaine d'enfants au roi, c'est une reine affaiblie et esseulée que nous présente Andréa H. Japp. En effet, trompée par son mari, ignorée par son fils, ayant perdu toutes ses dames de compagnie suite à la peste, Jeanne se retrouve cloîtrée au château de Vincennes. Mais sa rencontre avec Gabrielle avec qui elle a de lointains liens de parenté, va lui permettre de reprendre confiance. Trois femmes donc qui renaissent chacune à leur manière pour s'affirmer et prendre leur destinée en main.

En revanche en ce qui concerne l'intrigue, le lecteur devra encore ronger son frein quelques mois : si le diptyque excite la convoitise de plus en plus de personnes, nous n'apprenons pas grand chose de nouveau sur ce qui en fait son importance ou sur la menace qu'il représente pour l'Eglise. A cette intrigue se rajoute celle mise en place à la fin du récit et portant sur la menace pesant sur la vie de la reine Jeanne. Découverte par Gabrielle, cette dernière va devoir à la fois percer le secret du diptyque mais aussi protéger la reine. Nous sommes donc loin de la jeune bécasse énamourée du premier tome! Il faudra également attendre le prochain opus pour voir le développement donné à l'attention bienveillante portée par Pierre Lentourneau qui lui a révélé la véritable nature de son époux.

A l'ombre du diable reprend ce qui a fait jusqu'ici le succès d'Andréa H. Japp : plusieurs intrigues s'emboîtant les unes aux autres, une immersion aussi bien par le fond que par la forme dans cette période passionnante qu'est le Moyen Age et surtout des femmes s'affirmant envers et contre tous à une époque où leur place n'est guère enviable. Reste l'éternel problème : l'attente du prochain tome.

Julie Lecanu

Andréa H. Japp, A l'ombre du diable, tome 2 : La malédiction de Gabrielle, Flammarion, novembre 2016, 361 pages, 21 euros.

1 commentaire

Voilà plus de 2 ans et toujours pas de T 3 !!!! Avez vous des informations ?