Tank Girl - Intégrale

Rebecca Buck alias « Tank Girl » pilote un tank qui lui sert carrément de maison. Son boulot ? Chasseuse de primes. Et Tank Girl est vulgaire, bornée, bagarreuse et alcoolique. Un jour, on lui confie une mission de la plus haute importance : livrer au plus vite des poches de colostomie à un président incontinent avant une conférence internationale. Malheureusement, Tank Girl foire totalement sa mission, et devient hors-la-loi sur le territoire australien. Ajoutez à cela que son petit ami est un kangourou mutant et qu’elle consomme un trop grand nombre de substances illicites…

 

Jamie Hewlett raconte la genèse du look de Tank Girl : « Un jour que nous bossions sur Atomtan, notre fanzine à Alan Martin et moi, j’ai commencé à faire une esquisse foireuse d’une fille brandissant une arme à feu irréaliste. Un de nos amis en commun travaillait sur un projet de design pour un casque audio. Il cherchait son inspiration dans des photos de casques qu’utilisaient les conducteurs de tank pendant la Seconde Guerre mondiale. Alan a attrapé une de ces photos et me l’a filé. Je l’ai foutu derrière la fille que j’avais dessinée et j’ai ajouté un logo : Tank Girl ». Si la photo est bien publiée dans Atomtan, la série Tank Girl ne commence qu’en 1988 dans le magazine anglais Deadline destiné à faire émerger de nouvelles stars de la bande dessinée.

 

Tank Girl est depuis devenu une icône de la contre-culture indé en Angleterre. L’héroïne est le symbole de l’importance grandissante des femmes dans la culture punk rock. Une popularité qui permettra au comic-book d’être traduit dans un grand nombre de pays. Tank Girl devient si populaire qu’en 1995, Hollywood produit une adaptation cinématographique qui va rapidement faire un flop. Le grand public n’accroche pas à cette héroïne trash et jusqu’au-boutiste.

 

À l’image du film, la rencontre entre l’icône british et les lecteurs français est compliquée. En 1989, les éditions Vent d’Ouest se lancent d’abord avec la publication de quelques épisodes dans le magazine Gotham, puis avec un album anthologique. Les lecteurs de l’époque ne connaîtront pas la fin des aventures de l’Australienne déjantée. En 2010, Ankama avec son label 619 lui redonne sa chance et propulse la belle dans les rayonnages français avec 6 albums et un artbook (Les dessous de Tank girl : L'art et la manière d'une icône de la B.D.). Devenus difficiles à dénicher, Ankama réédite ces aventures dans cette superbe et imposante intégrale, contenant tous les épisodes

 

Redécouvrir Tank Girl en 2016, c’est rendre compte à quel point Alan Martin et Jamie Hewlett ont été en avance sur leur époque. Car Tank Girl préfigure les antihéros drôles, déjantés et farfelus : d’une certaine façon, elle est la grand-mère des Deadpool et autres Harley Queen. Mais attention, une grand-mère violente, garce et trash. Et dont les rejetons (dégénérés, forcément) paraissent maintenant bien fades et conformistes en comparaison.

 

Lire Tank Girl, c’est accepter de sortir des rails. Accepter des délires scénaristiques d'un style qui flirte constamment avec un ton « sale môme ». Tank Girl plonge ses origines dans un fanzine anglais, et son ADN la suivra tout au long de sa carrière. Même lorsque d’autres artistes reprennent le titre, l’héroïne, elle, ne change pas. Punk forever

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Alan Martin, Jamie Hewlett (scénario), Jamie Hewlett (dessin)

Tank Girl - Intégrale

Édité en France par Ankama Éditions (25 novembre 2016)

Traduit par Alex Nikolavitch et Nick Meylaender

Collection Label 619

476 pages noir et blanc et couleurs, papier mat, couverture cartonnée

34,90 euros

ISBN : 9791033501114

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