Anna Jouy : qui sont les femmes

L'auteure explore des démons ou ce qui est pris pour tels. Et dans ce but elle a punaisé sur la table les photos des protagonistes de l’histoire comme une cartomancienne. Hyacinthe-Céline, Maria Agathe, Emma, Thérèse, Berthe, ma mère Marguerite.

Jusque là les histoires des femmes s’arrêtaient à leur naissance. Mais l'auteur vient à bout de cette clôture et de divers tabous. Comme elle l'écrit,  elle cherche un cadeau sous les pierres, un crachat qu’on y aurait  caché, avec des reflets, des lumières, miel de mots sous les pavés. Elle se veut magicienne. Sans pour autant ne pas montrer ce monde tel qu'il fut.

Celle qui se dit engouée de rhizomes, emplie d'ongles de ceux qui s'accrochent à ses tripes, s'extirpe de ce cloaque au nom d'une parole vivante pour l’accouchement de ce qui n'a pas eu lieu ou si mal. De la boue humaine qu'elle se garde de juger elle sort les femmes nées servantes ou esclaves.

Anna Jouy, revendiquant son propre étonnement pour les gens, les choses et les secrets qu’ils recèlent,  poursuit le désir de soulever tout ce qui se cache. Elle met tous ses talents pour que l'obscur s'affiche à la lumière et dans une tentative de redéfinition du "ce que je suis" et de qui sont les femmes dans les vallées furent rarement vertes.

Jean-Paul Gavard-Perret

Anna Jouy, Filière de femmes, Éditions Sans Escale, janvier 2022, 124 p.-

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