Une femme d'Annie Ernaux

« Ma mère est morte le lundi 7 avril à la maison de retraite de l’hôpital de Pontoise, où je l’avais placée il y a deux ans. L’infirmier a dit au téléphone : ‘’Votre mère s’est éteinte ce matin, après son petit-déjeuner.’’ Il était environ dix heures. »

À la suite du décès de sa mère, Annie Ernaux perd « le dernier lien avec le monde dont [elle] est issue ».

Elle entreprend alors la rédaction du livre une femme, « ni biographie, ni […] roman [...] peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l’histoire », une façon de donner, de chercher une vérité sur sa mère et de se sentir « moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées ».

En écrivant sur sa mère, « la seule femme qui ait vraiment compté pour [elle] », l’auteur nous fait partager la vie d’une femme d’abord ouvrière puis commerçante, passionnée de lecture et pour qui s’élever « c’était toujours apprendre ».

Outre la plongée dans un monde disparu – marqué par un appétit jamais rassasié, la chambre commune pour tous les enfants, les promenades sur le cheval de labour, les gâteaux faits avec la peau du lait et le pain rassis, etc. –, ce livre présente aussi une réflexion poignante sur la relation mère fille : affection et rejet, tendresse et agacement, culpabilité, attachement viscéral pour la femme diminuée par l’âge et la maladie.

À travers une écriture précise et concrète, Annie Ernaux nous offre un moment de lecture émouvant, empreint de tristesse et de mélancolie.

Je recommande cet ouvrage, sorte de mémorial « à la jointure du familial et du social, du mythe et de l’histoire ». 


Lotus


Annie Ernaux, Une femme, éditions  Gallimard Folio, 1989, 105 pages, 6.40 euros

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