"Petit éloge de l'héroïsme", les écrivains dans la Grande Guerre par Ariane Charton

« Le véritable héro est celui qui cherche à se dépasser tout en prenant conscience qu’il n’est qu’un homme fragile, mortel, sans doute voué à l’oubli. »


L’héroïsme, qui est passé avec le temps du grandiloquent antique au banal personnage de roman, et perdant au passage la valeur morale, s’illustre magnifiquement dans le cas de l’écrivain au tournant de la Grande Guerre. Le rôle de l’intellectuel avant, pendant et après la guerre est tout à fait particulier, il n’est pas dans un rapport à l’immédiateté des faits mais il transcende l’instant pour l’idéaliser dans un rapport toujours scriptural à l’instant. Avant, ce sont autant de postures pacifistes ou belliqueuses. Pendant, bravoure, engagement patriotique ou couardise. Après, nécessité testimoniale ou volonté d’oublier. 


« [ …] d’emblée, dans l’esprit de ces auteurs, la guerre se transforme en littérature à venir. / Un peu d’humanité sera sauvée. »


Mais ce qui est certain c’est que pour nombre d’entre les écrivains que cite Ariane Charton dans son Petit éloge de l’héroïsme, c’est que la guerre sera la grande expérience de leur vie, fera leur œuvre même. Sans parler des écrivains morts au champ d’honneur (Charles Peguy, Jean de la ville de Mirmont, Alain-Fournier), que ce soit un Jean Giono ou un Erich Maria Remarque, le personnage central de l’œuvre est souvent la guerre, ses atrocités, son inhumanité absolue. 

 

« L’héroïsme, c’est être un autre que l’on ne soupçonnait pas exister en soi. […] La guerre rend la vie plus intense, mobilise des énergies inconnues. Elle rend la bravoure accessible à n’importe qui avec une sorte d’insouciance sublime. »

 

Ce petit essai est d’une belle richesse pour l’intelligence. Les expériences de chaque écrivain, et les quelques grandes figures tutélaires sur lesquelles s'appuie Ariane Charton, forment un panthéon qui révèle sa vérité au Feu. 

 

 

Loïc Di Stefano

 

Ariane Charton, Petit éloge de l’héroïsme, Gallimard, « Folio », 123 pages, janvier 2014, 2 eur


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