Arnaud Le Vac : le bon grain de l'ivresse

Sous forme de poèmes-récits ou évocations Arnaud Le Vac fait ici le point sur ce qui le tient. Et plus que jamais comme un piéton de la ou des villes dans une suite de poèmes en prose. Ce lieu est pour lui une manière des plus modernes d’écrire et de vivre. De laisser place à la rencontre.
Voici donc le lieu qui pour lui engage son langage et lui permet un détour sus des considérations majeures à propos de la poésie. Celle qu'il affectionne prend diverses formes mais reste celle du XXe siècle. Ses poètes d'avant-garde y demeurent des phares. Peut être parce qu'ils croyaient  à la poésie du présent  mais pour le transporter un pays inconnus.
Ce langage à vivre et à inventer qui fait tenir le pas, l'auteur le reprend à sa main pour aller du connu à l'inconnu  en un travail qui se refuse au déni du réel. Par lui ce poète reste au centre des vies. Il  arpente les berges et ruelles de Paris et Genève, de Londres et Amsterdam et ailleurs portant avec lui toutes les poésies du XXe siècle comme les revues que l'auteur énumère dont La Révolution surréaliste, Le Minotaure. Les Temps modernes, l’Internationale situationniste, ArtNews, Tel Quel, Les Cahiers du chemin.
Une telle poésie fut parfois politique et l'ombre de Walter Benjamin y circule car la littérarité de certain discours n’a jamais disparu.  Elle y travailla  tout autant chez Alain Jouffroy et Butor dont Le Vac rappelle la présence. Il en devient le successeur dans un monde qu'on aurait pu pensé meilleur.

Jean-Paul Gavard-Perret

Arnaud Le Vac, Tenir le pas gagné, Éditions du Cygne, mai 2023, 64 p.-, 12€

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