En 2017 ce sera (certainement) l’élection improbable

 

Après 1984 et 2001 allons-nous vers une troisième date-phare dans le petit monde croustillant de l’Humain démembré qui réfléchit avec ses pouces et vote avec ses pieds ? Nul doute que, quoi qu’il arrive, cela sera un grand moment dans l’historiette politique d’un pays qui n’en est plus un depuis que les capitaines d’industrie ont eu la bonne idée de mettre la main sur la dette le 3 janvier 1973 puis sur la gouvernance (Maastricht), et enfin que le « bon peuple » fut trahi par le Nain lors du vote du Congrès réunis le 4 février 2008 pour fouler aux pieds de la félonie le résultat du referendum du 29 mai 2005 devenu tristement célèbre (surtout en comparaison d’un autre, celui du 27 avril 1969 qui avait vu le général  De Gaulle démissionner, lui !).
Alors la farce du 7 mai 2017 sera donc… une farce, puisque le futur locataire n’aura… aucun réel pouvoir, sauf celui d’obéir au désormais célèbre marché… qui dans sa fausse modestie refuse le grand M alors qu’il le mérite, tant il planifie nos vies. Bref, quitte à se moquer du monde, autant le faire de belle manière, alors pourquoi pas dans le processus de la création littéraire ? Quitte à en rire, autant que cela se fasse dans les règles (les dernières qui demeurent encore libres, alors profitons-en).

Onze zinzins convoqués chez le proviseur de La Tengo pour anticiper, fantasmer, délirer sur le pourquoi du comment refaire du réchauffé dans le même plat sans que personne n’y voit rien du tout et s’amourache du concept afin de glisser le bon pli dans la bonne fente. Oui, tout scrutin qui se respecte impose de déposer un petit quelque chose dans une fente, d’où grossissement du réceptacle et accouchement dans la douleur d’un gros bébé joufflu qui ira baver son premier cri de gloire sur une estrade, un ponton, une tribune voire chantonner une bluette en compagnie d’un vieux sénile à la guitare qui le démange… après avoir roulé dans Paris en agitant frénétiquement les bras pour bien montrer qu’il est content, qu’il est vivant (pas comme certaine momie muette qui s’avachisse sur le trône, outre-Méditerranée) et que nous sommes, une fois encore, des imbéciles bernés voire bornés de n’avoir pas (bien) voté ; mais quid ? Entre la peste et le choléra, faut-il réellement choisir… ou prendre la fuite avec Henri Laborit ?

Mon choix est fait, de se délecter de ce recueil qui est bien plus malin qu’il n’en a l’air, fourmillant d’idées et de situations pour le moins… incongrues ; d’ailleurs, après le sabordage de la majorité par Villepin-le-crétin il n’y a pas si longtemps, et pourquoi notre Flamby 1er ne suivrait-il pas le conseil de Maël Renouard d’anticiper les élections, histoire de prendre tout le monde de court ?! Pas si bête l’idée…
Marie Desplechin ou Arnaud Viviant, tous vous feront grincer les zygomatiques ; avec mon petit clin d’œil local (Var) à Jérémy Collado qui envoie l’insupportable et méprisant Laurent Wauquiez à l’abbaye du Thoronet « consacrer le reste de [sa] vie au pardon de [ses] fautes et à l’exercice d’une vie méditative ». On plaint les vieilles pierres de devoir supporter pareille présence…

A défaut de participer à cette mascarade – personnellement je voterai blanc, candide, attendant qu’un jour tous ces bulletins nuls soient enfin comptabilisés correctement – je vous conseille cette belle partie de rigolade…

François Xavier

Arnaud Viviant (sous la direction de.), 2017 – L’élection improbable, La Tengo, mai 2016, 212 p. – 16,00 euros

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