Un voyage aux Etats-Unis, état par état

Le skyline de Manhattan, le pont du Golden Gate à San Francisco, le dôme blanc du Capitole à Washington, le grand Canyon du Colorado, les chutes du Niagara, Times Square, des images courantes que les Etats-Unis projettent, au point de devenir des clichés presqu’usés qui en cachent d’autres, ignorés. Terres désertiques et glaciers, forêts d’érables sans limite d’espace, horizons immenses qui semblent toujours inexplorés, hôtels particuliers Art Déco et demeures en bois peintes de couleurs vives, vignobles et vestiges aztèques, de l’Alaska à la Floride, de la côte pacifique aux rochers atlantiques, le pays offre pourtant une grande variété qui étonne régulièrement les voyageurs. Terre des conquêtes, âme pionnière, la nation préserve et réserve ses atouts à ceux qui acceptent de venir les découvrir. Les belles photos de ce livre sont une introduction à un déplacement qui apportera d’autres surprises. Des vues sont connues, d’autres le sont moins, d’autres encore qui révèlent des aspects nouveaux ne le sont pas. Les photos aériennes notamment contribuent à cette découverte.

 

L’héritage est désormais un facteur d’unité. La copie exacte du Mayflower II ancrée dans le port de Plymouth, la reconstruction à l’identique d’une cabane de colon débarqué d’Angleterre, un canon utilisé pendant la guerre de Sécession, la demeure d’Ernest Hemingway, le bâtiment en briques datant de 1713, la Old State house, abritant autrefois des services publics et qui voisine avec des buildings de verre, appartiennent au patrimoine collectif. Au même titre que le stade Soldier Field et les masses érodées de grés rouge de la Monument Valley.

 

Sur ce sol où les esprits sont tournés vers le futur, l’hommage aux vétérans qui ont participé à l’élaboration de ce passé dont l’Américain est fier, est une manière de devoir, un témoin transmis entre générations. Les soldats de Gettysburgh ont leur statue, les Marines du Vietnam aussi, Elvis Presley a la sienne, les frères Wright également. E pluribus unum, « De plusieurs, un », la devise qui figure sur le sceau officiel marque cette appartenance de tous à un même projet. La Fédération affirme son unité en respectant les identités. Si chacun a ses racines, plus ou moins récentes, qu’elles soient européennes, africaines, latino-américaines, asiatiques, il se sent en dépit des différences relié à cette histoire forgée par des ancêtres courageux. Les touristes en montant dans une calèche tirée par une mule à La Nouvelle Orléans, en parcourant une rue bordée de vieilles façades aux balcons en fer forgé ouvragé, remontent aussi les siècles.

 

A côté des espaces où la nature maintient ses droits, les villes apparaissent davantage uniformes, reproduisant cette découpe de gratte-ciels de plus en plus hauts et de plus en plus similaires. Mais derrière l’apparente monotonie, il faut savoir distinguer les originalités. Le front de mer de Seattle n’est pas celui de New York, Chicago n’est pas Dallas, Las Vegas a sa pyramide et la Gateway Arch de Saint Louis, œuvre de Eero Saarinen, rappelle par son audacieuse forme, que la conquête de l’Ouest est le maillon fondateur de cette chaîne qui unit la société à sa géographie. L’Amérique fait ainsi le grand écart entre cette puissance d’hier qu’elle a sculptée sur les roches du Mont Rushmore et ces forces de demain qui signent les tours pointées vers le ciel, entre le drive-in et la randonnée dans les parcs.

 

L’auteur vit à Brooklyn. Elle propose un itinéraire état par état. Elle fait partager le regard, à l’évidence admiratif et affectueux, qu’elle porte sur ce pays multiple, dont la culture, qu’on le veuille ou non, domine le reste du monde et qui a fait de sa diversité « l’essence même » de son existence.  

 

Dominique Vergnon

 

Natalie Danford, Etats-Unis, Vilo éditions, octobre 2013, 27,5x32,5 cm, 240 pages, 200 illustrations couleur, 41 euros.

             

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