Yeha Leung : denudare


"C'est en défaisant qu'on fait" (B. Noël.)


Yeha Leung aka Creepy Yeha déconstruit les dessous chics pour les transformer en un body art textile où - à la soie et au satin - se mêlent métal et cuir. Si les matières reprennent leur droit de citer, les coupes ne sont pas oubliées. Le tout en un certain kitsch mêlé à des « figures » plus minimalistes. La technique de coupe est toujours parfaite mais joue de divers pans. De telles structures textiles font surgir  "leur matière en deçà" (Bernard Noël) et leurs strates par césures et hiatus.

L’œil danse au sein de ballets formels et fantaisistes pour des passes inédites. Le concept de mode à la Victoria Secret  se décline sous bien d’autres effluves voire une forme de mentalisation.

En détournant les techniques et les matières destinées au système de la mode Yeha Leung fomente des monochromes volumiques compacts mais aussi légers qu’en saillies pour redonner de l’élégance jusqu’au gothique qui devient high-tech et trendy. Ce sont là des structures mystérieuses à la beauté éthérée  en dépit ou à cause de leur aspect « glacé ». 

Contre les simples apparences des jeux de surface la profondeur prend droit de citer. Surgissent des  achèvements paradoxaux. Tout est transmutation vers d’iconoclastes béatitudes. La matière filtre le corps par effet de coupures et de pans. Le concept de couture n’a donc plus besoin de traités théoriques : une image suffit. C’est vieux comme le monde : souvenons-nous de l’adage « une image vaut mille mots ». Encore faut-il que l’image tienne la route et crée un lieu imaginaire là où tout pourrait sembler figé et attendu.

Jean-paul Gavard-Perret

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