Christian-Edziré Déquesnes – Rimbaud : un doué à Douai

Christian-Edziré Déquenes le rappelle : Douai n'était pas à la mesure de Rimbaud le surdoué. Pas plus que Charleville ou Paris. Celui qui très vite oublie sa timidité première ose la désinvolture, le sans-gêne, le savoir-vivre. Beaucoup tenteront – en vain – de le ramener à la raison.

Car où marche Rimbaud si ce n'est dans le monde entier ? Et même lorsqu'il revient vers Izambard ou vers Mme Rimbaud la chose est entendue.

Mais l'histoire littéraire va passer l'homme et l'œuvre sous morphine. Et l'auteur souligne combien, sur Rimbaud, s'est créé le mythe erroné [...] qui  prête souvent le flanc à certains qui pourtant se disent spécialistes de s’autoriser des extrapolations farfelues.

Déquesnes sauve Rimbaud de telles perfusions en revenant à des principes premiers. Entre autre dans la relation du poète avec Georges Izambard, le jeune professeur de rhétorique au collège de Charleville dont la créature échappa à celui qui détecta son génie.

Christian-Edziré ramène à la tête chaude et grouillante de coassements de l'auteur aux heures gelées d'une fin de siècle où il prit partie pour les perdants. Mais cette tête porte le firmament. Des lamelles de la mémoire et de sa culture classique  jaillissent du fond de sa poitrine. S’écartèle la bouche littéraire cousue jusque et pour en retirer la rondeur et lui offrir un élan.
Ce qui ne veut pas dire pour Rimbaud que les mots s'apprivoisent : ils parlent par leur trou ou en les faisant sauter à la corde dans une cour abandonnée. Mais les mains du poète ne tirent pas les ficelles de leurs marionnettes. Sinon pour faire des nœuds là où l'intime s’articule en une immense phrase errante. Et ce, dans le souffle jeté au soleil pour abolir l’ombre du dedans.

L'auteur montre non seulement comment voyelles et consonnes errent en collier dans l'œuvre de Rimbaud mais comment le créateur saute de la fosse commune de son temps  après avoir fouillé comme personne des orifices que nul ciel n’avait pénétré.
Existe chez lui un appel du vide. Au vide à combler. C'est pourquoi l'homme et l'œuvre ne se quittent pas. Encore fallait-il un livre pour montrer tout ce que cela cache. Chistian Edziré Dequesne l'a écrit. Et soudain un incompris parle avec aussi une série de textes oubliés ou perdus. L'Effaré de Douai pourrait  saluer son thuriféraire  d"un tout y est, c'est là que j'ai vécu.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Christian Edziré-Déquesnes, Arthur Rimbaud. Un effaré en Douai, éditions Aux robes de Rimbaud, Douai octobre 2020
Portrait de Déquesnes par Jacques Cauda.

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