Fabienne Radi dans le bruit et la fourrure

Fabienne Radi, « Mais oui ça prend » , Lecture-conférence avec images

à l'Open Café Kugler de Genève, le 12 octobre 2013 (entre autres).

 

 

Une fois de plus Fabienne Radi mets la main au panier. Pour en extraire des livres frisés d’histoires au poil,  dans lesquelles précise l’artiste «  l'on pourra en apprendre sur la grande arnaque des raquettes magiques,  les effets cachés de la transsubstantiation ou encore le pouvoir consolatoire  des culottes ». C’est dire jusqu’où la causerie philosophique peut aller se nicher.  Pour autant les lectures que propose l’artiste ne sont pas tirées de livres qui se lisent d’une seule main. La Suissesse  a mieux à faire : elle extrait du sommeil les livres les plus sérieux. Ils se métamorphosent en plaisirs par ses prestations scéniques et réveillent jusqu’aux loirs qui dorment près de l’ancienne robinetterie Kugler.

 

Faisant sourdre des réminiscences intellectuelles et les promesses des délices de l’imaginaire, la docte artiste met tout en œuvre : ses mains, ses gestes, sa langue, ses lèvres claires pour proposer des délectations salutaires à qui espère un jour mourir moins idiot. L’extase de l’esprit et le plaisir du sens nécessitent une telle prêtresse. Et dans la chaste Genève l’artiste est devenue à travers ses prestations une nouvelle version de la Suzanne biblique du livre de Daniel. Comme son modèle (topos de la culture occidentale)  elle se fait complice des oreilles qui viennent écouter ses cantates en incartades. Pétrie de talent oratoire, d’humour et de savoir elle laisse entrevoir le trouble pour que se voie la clarté. A chaque assistant d’en faire bon usage. Riche d’un nouveau bagage enrobé par Fabienne Radi il pourra aller piquer une tête dans le lac Léman : il saura désormais qu’il pense aussi bien sec que mouillé.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.