Jardins des délices de Coco Téxèdre


 

Coco Téxèdre, « Des poils à la Galerie 49 », Galerie 49, Saumur, oct-nov. 2013.

Coco Téxèdre, Salon du livre d’artiste, 22-24 novembre 2013, espace Charenton, Paris.

 

 

 

Coco Téxèdre a horreur de la mélancolie car sous son poids toute forme se retire comme un escargot dans coquille. Son art est donc l’inverse d’un « gastéropote ». Il fait plutôt ami-ami avec ce qui s’éloigne d’un réalisme stagnant et nostalgique. S'immisçant dans des éléments réels l’artiste enjoint de mépriser la matière ou plutôt de la détourner. Par ses dépôts de couleurs comme ses interventions elle l’atomise.  Dès lors l'impalpable est rendu visible.  Il  n’évoque moins une ascèse, un oubli qu’une survie et survivance en une école buissonnière dégagée de couleurs crépusculaires. Au gris de l'évanouissement la créatrice préfère les grigris du plaisir plastique. Ils font prendre le réel pour un songe.

 

Le hasard objectif  fait la nique à la réalité factice d’autant que Coco Téxèdre garde le feu sacré. Elle le jette sur l’huile du réel afin de créer des châteaux en Espagne. L’œuvre témoigne d'une fraternité mystérieuse, d’une rencontre du type à la fois mythique et « e-darling ». En hussarde objective l’artiste n’épuise jamais le risque de rapports intempestifs à l’esprit surréaliste et ludique. Il y a là plus d’impudence que d’impudeur. D’autant qu’en femme romantique l’artiste rêve d’inondation à l'eau de rose dans les déserts :  leur sable en devient émouvant.

 

De la moindre toison, motte ou tonsure la plasticienne fait une vision. Les images ressemblent à des filles dites naturelles comme celles qui furent faites avant la pilule à mère.  Jetées à l’eau le regardeur  y plonge pour les sauver car il n’est pas sans éprouver une soif pour elles. Ils se laissent séduire par ces filles perverses et belles. Elles lui font espérer tout ce qu’elles ont voire ce qu’elles n’ont pas. Elles provoquent donc plongeons, errances et interrogations par ce qu’elles proposent comme illusion – ou son contraire.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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