Paul-Armand Gette : Eden et apprêts

Paul-Armand Gette ne cesse de proposer des élans de lumière pour franchir le seuil de l’obscur et où se frôle le mystère féminin. L’artiste montre  ce qui arrive  ou ce qui est arrivé. Par exemple la  femme laisse glisser sa robe ou la relève sur le jardin des délices qu’arrose  l’eau du regard. Paradiso, paradiso soudain : le sang brûle à la racine des fibres, la lune se pose sur le pubis. Le photographe en reçoit, perçoit et répercute jour après jour le piège des contours. Il crée la débandade des horizons afin de montrer les confins où s’amorce la fragilité. Promesse de l’écorce rompue, odeur têtue du parfum le plus intime.


La densité d’éros se retrouve là. Si proche, si loin. Si loin, derrière le regard. Une rupture s’annonce à travers des élancements de lumière - une allégresse est  percée à succulence de la nèfle. Surgit parfois un incendie  de verdure  où a glissé la nuit des émotions portée sur une rosée intime. En s’y dévoilant la femme signe le règne du jardin absolu : à sa manière c’est Eve réincarnée. Elle regarde le ciel. "Il n'est pas toujours donné de naître" a-t-elle dit au photographe. Il a retenu ses paroles, les a enroulées autour de son cou. 


La sève gagne, la toison hirsute des herbes fait enfler l’ombre.  Attente, lente ascension recommencée au sein d’une grâce accordée et que la prise photographique enveloppe.  Soudain l’audace ailée des migrateurs n’est plus utile. La sérénité possède la voix sourde du végétal. La lumière se noue sur le mince triangle Il laisse espérer l’étreinte.  Il prend appui sur l’instant, au creuset de l’été


Jean-Paul Gavard-Perret


Paul-Armand Gette, Ma propension au débordement, Editions Tarabuste, Saint Benoît du Sault


Paul Armand Gette « Des Calcinations au Jaune de Naples » - galerie Jean Brolly

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