Mylène Besson et les courbes du mystère

Chez Mylène Besson les corps sont nus à l’exception de ceux des gisantes vêtues de robes. Nus, unis  et bouleversés dans leur perpétuelle initiation à la sexualité, l’artiste les offre en une calligraphie perturbante, une anagramme envoutante qui désignent la quête d'un désir essentiel et obscur.

 

Il y a une face cachée et nocturne du sexe nécessaire à l'être.  En sus la charnière entre les sexes dessine l'envers du visible en posant diverses questions :  Que devient le regard quand la lumière s'absente ? Que voit-on dans l'ombre de la chambre où les amants se prennent  ? Que voit-on de leur ombre ? Dans quelle mesure cette ombre affecte-t-elle la visibilité du monde et son intelligibilité ? Pour y répondre l’artiste lie les deux  genres de manière vertigineuse. Le phallus engloutit la vulve où il est lui-même englouti. Tous deux conduisent de l'obscur à l'illimité en explorant les envers d'une réalité dont la face lumineuse ne contient pas tous les secrets.

 

L'intimité avec l’inespéré et l’inexprimable "suffit" à l’artiste. Elle trouve ce qui  demeure inséparable de l'imprévu et  de la ressemblance. La sexualité reste le lieu de l’insécurité puisque ce qu’on y surprend  permet d'y discerner une peur. Il faut apprendre à reconnaître les arpents de lumière arrachés à l’obscur et apprivoiser la clarté. Elle  couve dans les cendres toujours inachevées et encore incandescentes.

 

Grâce à l’artiste nous sommes soudain masculins et féminins : cela ne peut nous laisser indemnes et tire des larmes en cette  entente avec l’inespéré que laisse émerger la vérité de ce grand Mystère. Aujourd'hui comme hier nous nous sentons pauvrement égaux et solidaires.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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