Les tentations d’Aude Allonville


 

Aude Allonville, Œuvres, Le Musée Privé, Paris

 

 

Chez Aude Alonville dans un sempiternel mariage des couleurs et des formes les robes et les chasubles - lorsqu’elles sont demeurent encore présentes - se froissent. Les filles des Flandres y ont de bonnes joues et s’acclimatent parfaitement à des fêtes où tout tangue. L’allégorie des péchés capiteux n’est donc jamais pesante. Au contraire. Pour preuve on s’y perd avec l’excitation d’un jeune chien même si l’âge imposerait des attitudes plus raisonnables. Mais qu’importe la peinture d’Aude Allonville entraine en des mauvaises conduites non forcées. Les rondes de nuit se font sarabandes et dans bien des toiles l’heure du soupçon résonne. Qu’on se rassure néanmoins : il y a toujours deux jambes sous chaque femme si bien que les appeler « ma biche » serait un abus de langage.

 

D’une œuvre à l’autre perdurent autant de rires que de frissons. Les philtres d’amour s’insinuent de manière énigmatique en des scènes qui sont autant de narrations intempestives. Elles cachent une pointilleuse érudition. Mais l’artiste n’en étale pas la glose. En chaque toile l’obscur comme le voluptueux  deviennent les tombeaux de diverses prébendes. Elles ont le mérite de nous délivrer de nos hontes. On peut toujours se dire que ce qui est montré ce n’est pas nous mais les autres. Dès lors, au sein des frasques et des fracas  d’hammams mixtes ou de salles de bain équivoques  on jouit plutôt que de rougir de la confusion d’un certain chaos. Les complaisances délicieuses et venimeuses ramènent inlassablement au plaisir de la peinture. Profitions de ses grandes orgues : la componction n’est plus de mise.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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