Claudine Loquen et les princesses


 

Claudine Loquen pousse l’ordre dans le désordre, isole l’isolement, relie l’immobile à la pulsation, la folie à la raison. Elle fait se rassembler ce qui  est pas avec ce qui n’est pas, la candeur à la gravité, le corps et sa chimère, la pudeur à la sensualité. La couleur devient coccinelle sur ses doigts : l’artiste la recueille pour que rampe le regard jusqu’à elle.

Elle propose des histoires totalement oubliées ou encore jamais inventées. Ses princesses gardent  la tête  à l’intérieur de leur tête mais leur « je » est un objet perdu ou une étoile d’araignée. Un loup y semble parfois masqué dans un bois de frêne. L’enfer devient le Paradis pavé de bonnes inventions de l’artiste qui jette son huile sur le feu sacré de la peinture. Cette dernière donne toute leur présence aux princesses captives de leurs émotions qui -peut-être - cachent bien leurs jeux. Et si parfois leur tête semble abriter aucune idée, Claudine Loquen pense pour elles.  La matière de leur cerveau est faite des  pigments que l’artiste étend pour abriter le monde au vertige de l’imaginaire.


A l’injonction du réel répond l’attraction de la peinture. L’enfance n’est plus nourrie de laid maternel mais d’une douceur maternante et il est certains chats qui se font chauds lapins. Bref le monde est cul par-dessus tête sans que pour autant les règles de la bienséance soient saccagées. Une telle peinture empêche de succomber dans la nuit absolue et la dépression organisée. Restent l’émanation et l’aspiration  poétiques portées dans une vitalité juvénile – ce qui n’empêche pas une certaine gravité. Et si les seins d’abeilles sont trop honnêtes pour être au lit ils peuvent faire des maris honnêtes des marionnettes et du sage, ridé comme un vieux complice, un oiseau sans tête.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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