Wang Keping le rescapé

Semblables à une armée immobile gardienne du temple du rêve, les sculptures de Wang Keping se postent face au spectateur sur un mode plus interrogatif que dénonciateur ou critique. Si elle s’enracine dans le bourbier de l’histoire, l’oeuvre parvient à en transfigurer les limites ce que le créateur souligne dans une sorte d’ « autocritique »  : «J’ai été Garde Rouge, j’ai saccagé les églises pendant la Révolution Culturelle. J’étais intolérant. Puis je me suis lancé dans la contestation du régime chinois. J’ai été considéré comme un dissident. Maintenant la réalité ne m’intéresse plus beaucoup».  Wang Keping n’appartient pas à la  génération d’artistes chinois nés dans les turbulences du Printemps de Pékin, mais il fait partie des aînés qui restent des figures tutélaires. Les sculptures (en bois ou bronze) aux volumes anthropomorphiques, élaborées selon des techniques à la fois personnelles et traditionnelles, se métamorphosent en émanations imaginaires évocatrices de désirs

secrets. 

Très éloignées de la simple compréhension formelle du principe moderniste de la vérité des matériaux, l’esthétique de Wang Keping  se rapproche davantage des bases du minimalisme américain ou de Moore. Semblant de soumettre à des formes déjà tracées, l’artiste offre pourtant une nouvelle lecture de monde et de la sculpture qu'il porte à une forme de perfection et de fluidité.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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