Christophe Gonnet : terres promises

Par ses images Christophe Gonnet sort le paysage et en particulier le jardin du silence.  Le visible normé y surprend et suspend le visible chaotique. La présence humaine sort aussi de l'absence mais selon des protocoles particuliers. L'être devient un peu comme un ange. Mais  il ne fait pas que passer : il se fixe de manière étrange, incongrue, paradoxale. Comme les fleurs ou les agencements végétaux, non seulement il sort de la terre et fait surface: il devient sculpture comme à l'image des plantations de verdure ou de fleurs.

 

Gonnet aime classer, reformuler, bousculer, chercher ce qui lui parle viscéralement.  Il casse l’opacité du paysage par ses mises au cordeau. Elles provoquent divers champs géométriques et magnétiques  afin que le regard s'interroge sur le sens même à accorder à tout paysage dont les œuvres deviennent des modules. Le créateur fait "parler" la nature qu'il ceinture et ordonne pour lui accorder une profondeur. Surgit le clair empire d'une intervention humaine qui balise le réel afin de le tramer.

 

Chaque "pièce" possède sa propre densité. Elle s’accorde à la contemplation d'un langage sobre et par l'emprise d'éléments homogènes. Si bien que l'être (scénarisé ou regardeur) comme la nature "sauvage" sortent du chaos en une  avancée sculpturale. Chaque œuvre devient un lieu qu’il nous est donné de voir au sein d'une émotion oubliée ou inconnue que l’artiste développe par lignes, courbes et paquets de couleur. Il s'agit aussi de voir le voir : comment nous voyons lorsque nous (nous) regardons. Se rejoint une expérience originelle où l'œil est ému par l'impact  de ce qu’il perçoit, de ce que l’affect lui même se permet enfin d’accepter.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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