Les carnations de Silvia Sanjurjo

 

L'artiste argentine Silvia Sanjurjo crée des êtres étranges et hybrides. Ils ne sont pas sans hanches mais leurs saillies trompent. Ils donnent l'illusion de robustesse néanmoins quand ils sont seuls ils s'accrochent à leurs propres cheveux. Ils sont debout, font face au regardeur. Ils se donnent ainsi une pose, un maintien. La sensation peut être drôle mais parfois voluptueuse. Leur os iliaque et leur pubis sont  des véhicules de plaisir par les vibrations perceptives essentielles qu'ils peuvent provoquer. Leur habit ou leur nudité aide à lutter contre la candeur et la pudeur physique. Ces êtres sans visages, ces visages sans être remuent des parfums ignorés mondains ou sauvages.

 

Parfois leurs poils d'amour demeurent le véritable lieu où toucher l'autre à vif dans le baiser. Les autres points sont trop haut, trop bas ou trop loin. Mais de fait de tels poils  ( pas forcément velus - ce qui est un comble ! ) sont partout et restent les signes du plaisir à venir et d'où il nous faut les contempler. Le choc visuel est incisif : il peut sembler meurtri ou grotesque mais il nous atteint. En haut. Juste sous la ceinture. Il s'enfonce en nous comme une serviette de plage lorsqu'on se tient sur les coudes. Silvia Sajurjo invente donc des hypnoses par le soleil trouble que ses créations accrochent dans un ciel qui épouse ses mains.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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