Apostilles pour l'émotion : Jacqueline Devreux

 


 

Jacqueline Devreux pousse l’ordre de la poésie du corps féminin dans le désordre du monde. Elle isole l’isolement, relie l’immobile à la pulsation, la folie à la raison.


Elle fait se rassembler ce qui n'est pas encore avec ce qui n’est que trop et trop mal, joint la candeur à la gravité, le corps à sa chimère, la pudeur à la sensualité. Le noir et blanc devient une huile que l'artiste jette sur le feu sacré du corps afin que le regard rampe jusqu’à lui. Mais pas n'importe comment et 'importe quoi.

Ses princesses "captives" sont de belles inconnues élancées. Et si un "loup" semble parfois les masquer dans leur bois de frêne elles ne sont pas saisies pour faire le jeu de chauds lapins. Mieux : elles empêchent de succomber dans la nuit absolue du fantasme ou de la réception organisée.

Elles ne s'affichent pas pour transformer des maris honnêtes (ou non) en des marionnettes ou des oiseaux sans tête complices de leurs charmes. Elles restent l’émanation d'une aspiration  poétiques portée dans une vitalité juvénile - ce qui n’empêche pas une certaine gravité.

 

Face à celle-ci le charme s'affiche. Il est comme le léopard : il se déplace avec ses "taches" de beauté. Néanmoins dans les chorégraphies que Jacqueline Devreux les égéries ne se réduisent pas à des iles volcaniques. Le corps - toujours proche mais lointain - oscille entre figuration et abstraction. Ce sont des apostilles pour l’émotion. Du coup le regardeur peut contempler le monde à travers une bien étrange fenêtre devant laquelle l'artiste se saisit parfois en contrejour discret. Ici commence des séjours, des repères où la vie exulte presque froidement. Il existe pourtant un souffle incendiaire. Jacqueline Devreux ne cherche pas à mater les soulèvements de l'enfer ou du paradis. Chaque femme - dans les séries et leurs variations - donne à l’éphémère une écorce d’éternité: Des éclats de lumière profonde et comme pesée viennent  à la rencontre du regard loin des friponneries d'usage.

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