Les mominettes de Paul Toupet


 

 

De Toupet Paul n’en manque pas. Il ne cesse de montrer ce qui  est et laisse sans voix. Ou plutôt non ce qui provoque un effet d’abîme. Chacune de ses « statues » rappelle que la vie tue.  Mais que c’est un don. Comme les images elles-mêmes (c’est pourquoi certains monothéismes les craignent). L’artiste à l’inverse et tel un prestidigitateur en fait sortir lapins et lapines aux  habits  de laine sur-mesure, aux nids qui ne sont pas des linceuls. Le tout crée un début du jour plus que la fin de la nuit.  Ce qui n’enlève donc rien la question : que faire avec un corps ? Car voici le corps. Tel un lapin levé.

 

Il est ouvert, semble  inachevé. Il marche en lui-même. Il n’est pas seul en lui. Des fantômes reviennent le hanter. Les morts habitent les vivants. L’inverse est vrai aussi à travers l’étoffe liturgique des habits de lumière que Paul invente. Ses  momies bâtissent un mystère.  Les linges où elles reposent élargissent leur  secret.  Et dans leurs creux elles débordent la force de vivre. Contre le peu qu’elle est.  Parfois, dévoré le visage les dents sont mises à nu sortent à vif pour un dernier murmure.  Chaque corps  est secoué jusqu’au dernier frisson. Hors de la vie ou hors du corps ? Dans tous les cas pas loin de son esprit. Magique.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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