Jane Lafarge Hamill : L’image et son double

 



 

 

Jane Lafarge Hamill enchâsse sa propre histoire dans celles de ses modèles. Mais chaque saisie garde son secret. D’où la déstructuration progressive de ses images et leur « effacement ». Chaque portrait devient un « objet »  de hantise et de méditation. La passion nre se délite pas. Sachant rebondir sur elle, la créatrice lui octroie une autre présence, un autre contenu. Les pans de lumières créent des resserrements pour permettre l'apparition d'une nouvelle théâtralité du réel et des sentiments en des suspens filtrés.  S'éprouve une fugace extase : ce qui est absent est répandu par la couleur que rehaussent par touches les lignes qui l’exalte. Tout est là mais comme hors de prise.

 

Jane Lafarge Hamill réduit  le corps autant intime que social – à un « objet de perte ». A à une étoile défilante aux étranges pouvoirs. Face à l’idée centrale qui anime notre société et peut donc se résumer ainsi : sans hétérosexualité il n’y aurait pas de corps féminin l’artiste rebondit et pose une question nouvelle : De quel corps s’agit-il ? De qui est ce corps ? Voilà la double et périlleuse question que pose celle qui lutte contre cette féodalité masculine et revendique le corps lesbien  comme fondement d’une identité susceptible de remettre à l’ordre du jour l’ordre patriarcal. 

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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