Emanuela Lucaci
fleurit le monde avec la perle noire de
son art. Elle croit à la peinture-peinture qui représente pour elle sa
marque de naissance et sa fêlure secrète et lui permet de combler celle de
l’existence. Une telle approche provoque l’abandon et le dessaisissement
capables de poursuivre l’absence. Parfois elle semble s’alléger et devenir
illusoire. L’artiste se tient à une marche forcée où chaque pas ramène à la
question de l’oubli et à la douleur inhérente au vide à combler. L’artiste
peint dans un espace qui se distend et se dérobe sans cesse devant le désir.
L’œuvre offre donc la soif de construire la légende d’être présent au jour. Un
chemin s’inachève là où la femme devient parfois star ou ange et dont le corps
n’est que combustion lente en une frange du monde à la frontière du réel et de
l’imaginaire.
Les silhouettes d’Emanuela Lucaci se mettent en
attente de réalité en un monde où elles demeurent étrangères. Tout concorde à
le fuir. Le fuir et s’échapper. D’autant que le paysage possède un fâcheux
penchant à se dissiper dans la brume là où l’horizon se mêle à la bordure des
toits. C’est comme si ces personnages redoutaient de devenir informes à
eux-mêmes dans leur peur de ne pouvoir saisir le monde sinon dans le jeu des
reflets : à savoir d’un néant. Ils semblent mourir de faim de vie mais
s’arriment aux lieux interlopesavant
que les sables mouvants ne les enlisent ou qu’une vague les emporte. Monte
parfois du sein même du tableau une buée à peine décelableet étrange qui finirapar les envelopper.
1 commentaire
Merci pour ce beau texte.