Ren Hang : ironisation de la nudité

Fantôme ou réalité, on ne sait plus - avec le photographe chinois Ren Hang - dans quel monde nous sommes exactement plongés. A l’aide de simples indices - qui prennent soudain une valeur générale -  l'artiste  reconstruit fantasmatiquement un monde de reconquête dans lequel l'artiste aborde les problèmes de la perception visuelle et la découverte de la nudité. Armé d’un Minolta argentique, le photographe met en scène les corps nus de ses amis pour prouver qu’en extrême-orient l’érotisme existe en Chine  tout autant qu’au Japon. Inspiré sans doute par les maîtres du genre au pays du soleil levant  (Takato Yamamoto, Nobuyoshi Araki)  Ren Hang crée un univers décalé et malicieux propre à détourner les interdits.


Faisant sienne la phrase de D.H. Lauwrence dans « L’amant de Lady Chatterley  « L’obscénité n’apparaît que si l’esprit méprise et craint le corps, si le corps hait l’esprit et lui résiste. » le photographr joue de divers accords et désaccords entre la réalité et le rêve dans un pays où les tabous sont parfois plus enracinés qu’ailleurs. Et si l’érotisme n’a pas vraiment sa place  dans son pays le photographe prouve le contraire. Mais chez lui le recours à la nudité n'est pas fait pour offrir une version postpop du fétichisme du corps. Ce que l'artiste recherche est avant tout une économie symbolique et ironique venant casser les dures contingences morales de son pays dans un constructivisme figural des plus astucieux parfois drôle et violent mais souvent poétique.

Jean-Paul Gavard-Perret

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