Collier Schorr : d’entre les genres


 

 

Le genre et sa « nature » semblent solubles dans la photographie de Collier Schorr ; à pas feutrés il  avance vers l’indéterminé ou l’illimité. Il inscrit un impossible pour lui demander davantage. Le corps  n’est souvent plus scellé dans un genre : celui-ci devient un signe presque abstrait en des processus perpétuels d’écarts : la femme aux seins menus et masculinisée, l’homme au visage d’ange est « eva-naissant ». Le corps devient loup ou louve blanche, il ne divise plus le monde et crée des effluves dans la profondeur de l’air. C’est un miroir qui résiste à tout embrigadement.

 

Il a beau se cacher parfois dans une houppelande : elle-même se fait énigme et fissure énigmatiquement les certitudes trop facilement acquises de la contemplation fétichiste. La morale, la recherche, la quête, l'exercice de l’artiste créent la sélection d'un certain mode de regard sur le monde : la mécanique des fluides du corps ouvre une béance. A la loi des genres fait place  la confidence d’opérations les plus secrètes. Existe une concentration mais aussi ouverture du champ. Avec en plus un effet de réflexion sur le poids de la mélancolie  d’un âge d’or ou androgyne.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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