Douces-exquises : Florian Sommet

 


Chaque jour le corps se délite. Mais Florian Sommet le retient dans une évanescence beauté. Parfois le souci est commercial (commande pour Chanel, Dior, Vogue, etc.). Parfois il est esthétique pour l’esthétique.  Cheveux, peaux, lèvres mais aussi mises en scène de l’artiste questionnent l’imperceptible. Sommet entremêle l’impeccabilité et l’énigme dans la préciosité troublante  parfois teintée d’humour.


Face à l’inexorable fuite du temps, les « instantanés » qui n’en sont pas offrent au visage une matérialité nouvelle. Il y va de la précision et de l’acuité d’un regard sans concession mais attentif autant au modèle qu’à la parure ineffable (parfum, poudre) qui le recouvre.  A l’exubérance de la chair l’artiste préfère la débauche des lignes et des couleurs. Si bien que chaque prise est ressentie comme un temps condensé. Elle devient les symptômes d’un corps pas forcément affranchi du sujet qui l’habite.


Dans l’espace de la marchandise le photographe laisse donc au portrait la qualité d’image votive. Un nez, des lèvres sont moins des pendants de matière que l’inaltérable survivance à la vulnérabilité du corps. Chaque portrait fait souche par l’énergie douce qui l’anime. Il existe là une ressemblance décalée,  une discordance augurale : ou si l’on préfère une vibration dans l’air qui tient à distance les monstres et le ciel.


Jean-Paul Gavard-Perret

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