Corinne Vallière : le corps dans tous ses états

Le potentiel mimétique des objets que construit Corinne Vallière fait partie de ce qui l'intéresse depuis le départ. En une sculpture du corps à corps l'éloquence visuelle prend des formes particulières. Elles tiennent autant au langage lui-même de l’artiste qu’à son imagerie. Tout un jeu entre la forme vulvaire et des directions plus érectrices crée une vulnérabilité paradoxale car dominatrice. Une telle approche où la dureté est liée à  la souplesse et la légèreté détourne autant de la statuaire classique aussi monolithique que glacée que d’une postmodernité encline à ne développer en sculpture que le mou ou le détritique. Mais le recours à la matière n'est pas là non plus pour offrir une version post-pop du fétichisme de l'objet. Ce que l'artiste recherche est avant tout une économie symbolique particulière. Ce qui ne l’empêche pas lorsque le besoin d’en faire sentir de développer un langage figuratif.


Corinne Vallière sait jouer avec les dures contingences d'une matière qui ne se laisse pas travailler facilement pour aller à l'essentiel. Très éloignées de la simple compréhension formelle du principe moderniste de la vérité des matériaux elle se rapproche davantage des bases d'un minimalisme mais qui soignerait le " fini " des réalisations. Il existe dans le travail de l’artiste un goût clinique du travail bien fait, achevé, bref un goût d’une perfection formelle. Cette dernière participe à l’aboutissement de ce qui n’est plus qu'un rappel mais une métamorphose. 

Jean-Paul Gavard-Perret

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.