Hilja Keading : ours va

 


Entre vidéo et performance Hilja Keading pose la question de la différence et le lien (étroit) entre l’être et l’ours. C’est le type d’interrogation que les artistes tournent souvent en dérision. L’Américaine la pousse à l’inverse jusque dans les arcanes d’une distinction métaphysique dans le champ de la nature et de l’art (performance dans son  cas). Elle se retrouve dans une chambre kitsch qu’elle partage avec Bonkers, un ours brun le temps d’une période indéterminée.  Sa vidéo “The Bonkers Devotional raconte cette histoire sous forme de thriller à la mode hollywoodienne mais avec beaucoup d’ironie et selon un montage des plus astucieux.


Plus qu’un hommage  à Joseph Beuys et de son coyote  (I Like America and America Likes Me) l’œuvre associe à la fois le conceptuel et l’émotionnel par un effet métaphorique et comique. L’histoire n’st ni héroïque, politique ou auto-mythologie : l’artiste propose une sorte d’autoportrait à la mode primitive mais selon une reconstruction postmoderne. Comme à travers ses dessins Hilja Keading joue des stéréotypes (l’ours est en effet un symbole de la bannière américaine) mais aussi et surtout explore les sources de nos peurs et de nos fascinations. Il y a aussi une remise à neuf de notre relation avec la nature et une sexualisation hors de ses gonds. La vie sauvage et une marginalisation des rapports montrent comment l’humain n’est peut-être jamais assez trop humain dans une période où le réel dans son éloignement devient un mystère. A l’absurdité du temps répond celle que l’artiste propose.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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